Le chef de l’opposition arménienne appelle à de nouvelles rassemblements

Le chef de l’opposition arménienne Nikol Pachinian a appelé ses partisans à reprendre les manifestations mercredi, s’estimant légitime pour prendre le pouvoir après la démission du Premier ministre contesté Serge Sarkissian.

M. Pachinian a appelé ses partisans à redescendre dans la rue mercredi à 11 heures locales (7H00 GMT), après avoir affirmé sur sa page Facebook que le Premier ministre par intérim, Karen Karapetian, avait refusé d’entamer des négociations mercredi matin.

« S’ils sont prêts à discuter d’une passation de pouvoir pacifique (…) je suis prêt à les rencontrer (…) Le parti Républicain ne peut pas rester au pouvoir, car c’est le peuple qui a gagné », a dit M. Pachinian.

Karen Karapetian a répondu dans un communiqué que cette rencontre avait été annulée « en raison de nouvelles demandes avancées de manière unilatérale par Pachinian ». « Ce n’est pas une négociation, un dialogue, mais Pachinian qui avance son propre agenda », a estimé M. Karapetian en indiquant avoir demandé au président de la république d’organiser une rencontre dans un format élargi avec le chef de l’opposition.

Serge Sarkissian a démissionné lundi sous la pression de manifestations de ses opposants. Les députés arméniens disposent de sept jours à partir de la démission du Premier ministre pour proposer de nouvelles candidatures à ce poste, et le vote pourrait avoir lieu le 2 mai.

Alors que le Parti républicain de Serge Sarkissian dispose de 65 sièges sur 105 au Parlement, Nikol Pachinian a appelé mardi soir à organiser des élections législatives anticipées « dans les plus brefs délais (…), dans un ou deux mois ». Il a assuré qu' »il n’y aura pas de vendetta politique » à l’égard de Serge Sarkissian.

« Oui, bien sûr, nous sommes prêts à diriger le pays », avait auparavant déclaré M. Pachinian, 42 ans, interrogé lors d’une conférence de presse à Erevan pour savoir s’il était prêt à prendre la tête du gouvernement de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. « Si le peuple me confie cette responsabilité, je suis prêt à l’assumer ».

La journée de mardi était pourtant censée être marquée par une trêve politique: le 24 avril est la journée de commémoration des massacres perpétrés entre 1915 et 1917 sous l’Empire ottoman. Les autorités avaient appelé la veille les 2,9 millions d’Arméniens à l’unité pour cette journée de recueillement.

A Los Angeles, où des milliers de personnes se sont rassemblées, la diaspora arménienne s’est réjouit du changement politique à Erevan.

Plus tôt dans la journée, le député et chef de l’opposition a marché pendant près de deux heures avec des milliers de ses partisans de la place de la République, c?ur de la contestation anti-Sarkissian dans le centre d’Erevan, jusqu’au mémorial dédié aux victimes du génocide arménien, érigé sur une colline surplombant la capitale de l’Arménie.

Avant lui, le président Armen Sarkissian (sans lien de parenté avec Serge Sarkissian), le Premier ministre par intérim et les autorités religieuses du pays s’étaient eux aussi recueillis devant le mémorial.