L’opposant Nikol Pachinyan est l’homme qui a fait tomber lundi le Premier ministre arménien Serge Sargsyan, en prenant la tête d’un mouvement de protestation qui ne faiblit pas. Il se dit désormais « prêt à diriger le pays ».
Il est le visage de la contestation en Arménie, la voix des dizaines de milliers de protestataires qui se rassemblent quotidiennement depuis le 13 avril dans le centre de la capitale Erevan. L’opposant Nikol Pachinian, 42 ans, barbe grisonnante, très souvent affublé d’une casquette de couleur sombre et d’un tee-shirt à imprimé militaire, incarne pour eux l’espoir. Celle d’une Arménie débarrassée de la corruption et de la pauvreté qui touche 30 % des 2,9 millions d’habitants de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud, d’après des statistiques officielles.
Nikol Pachinyan a gagné une première bataille dans ce processus qui sera long. Lundi 23 avril, poussé par le mouvement populaire mené par l’opposant, le Premier ministre Serge Sargsyan a démissionné. Président pendant 10 ans, ne pouvant pas prétendre à un troisième mandat, il venait d’être élu à ce poste aux pouvoirs renforcés grâce à une réforme constitutionnelle votée en 2015, laissant au chef de l’État des fonctions essentiellement honorifiques. Serge Sargsyan, en plus d’être suspecté de vouloir s’accrocher à vie au pouvoir, était accusé ne pas avoir profité de sa décennie à son poste pour réduire les inégalités sociales.
Député au Parlement depuis 2017 avec le parti qu’il a créé, « Contrat civil », Nikol Pachinyan veut être celui qui fera reculer pauvreté et corruption. Interrogé lors d’une conférence de presse devant des correspondants étrangers pour savoir s’il était prêt à prendre la tête du gouvernement, il ne s’est pas dérobé : « Si le peuple me confie cette responsabilité, je suis prêt à l’assumer. »