Ultra mobiles, ces ultraradicaux de gauche sont de tous les combats altermondialistes violents depuis les années 80.
Les black blocs sont issus d’un mouvement radical de gauche, né en Allemagne dans les années 1980, qui a fait tache d’huile en Europe. «Leurs camarades allemands leur ont inspiré tout un savoir-faire», expliquait un haut fonctionnaire de police dans un article du Figaro sur Notre-Dame-des-Landes. On les retrouve à l’action lors des émeutes du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999. Ces anarchistes portent parfois le masque blanc du film «V pour Vendetta» et se fondent dans les rassemblements altermondialistes où ils bénéficient de la complicité passive des manifestants, qui les admirent autant qu’ils les craignent.
Les «black blocs» ou ceux qui se revendiquent de cette mouvance effraient les institutions. Difficiles à infiltrer, ils refusent toute hiérarchie, agissent au gré des événements, de façon spontanée. Grâce notamment aux réseaux sociaux et à la technologie d’Internet qui sert leur anonymat. Un professionnel de la Direction générale de sécurité intérieure (DGSI) le dit: «Les plus méfiants communiquent même entre eux de façon cryptée, aidés par des informaticiens qui leur garantissent sur la Toile des adresses IP fantôme.»
Aguerris et parfaitement organisés, ils échangent sur Internet des modes d’emploi sur la conduite à tenir en cas de garde à vue ou de perquisition. Dès 2009, ils avaient affiné leur stratégie basée sur quelques consignes écrites dans un guide où l’on pouvait lire à l’attention des militants:: «Emmène un foulard ou de quoi cacher ton visage ; n’utilise pas un téléphone mobile plein de contacts: merci pour tes camarades! ; n’oublie jamais que les flics en civil sont extrêmement nombreux, ne parle jamais de tes exploits en pleine rue et évite de prononcer des noms ; écris-toi sur le bras le numéro de notre avocat ; prends des photos de tes blessures, garde tes habits tachés de sang, si c’est le cas ; et avec le médecin, si c’est aux urgences, ne dit rien sur les faits.»
Perruques, cagoules, fusées marines, cocktails Molotov, marteaux de chantier, masques à gaz font partie de leur panoplie. «Ces ultraradicaux de gauche sont de tous les combats altermondialistes violents», explique pour sa part un porte-parole du ministère de l’Intérieur: la manifestation anti-aéroport de Notre Dame des Landes à Nantes, en février 2014, le sommet de l’Otan à Strasbourg en 2009… «Ils ont une haine des forces de l’ordre.» Ils s’organisent généralement autour d’un noyau dur de 450 à 500 individus très déterminés. Hostiles à «l’appareil répressif», au «fichage systématique», pourfendeurs des lois pénales et du système pénitentiaire, vomissant le capitalisme et la mondialisation, «très mobiles, ils sont passés maîtres dans l’art de changer de physionomie et de vêtements en cours de manifestation», avoue un policier.
Un cauchemar pour les prévisions que réclament pourtant les préfets sur le potentiel explosif des rassemblements de l’ultra-gauche. À chaque fois que des débordements importants ont eu lieu, la police avait sous-estimé l’ampleur de la mobilisation.