La Chine a vu son premier porte-avion « made in China »

Le premier porte-avions construit de manière complètement indépendante par la Chine a entamé dimanche ses tout premiers essais en mer. Pékin espère muscler sa puissance maritime face aux États-Unis.

C’est le deuxième porte-avions chinois. C’est surtout le premier construit de manière totalement indépendante par Pékin. Le navire « Type-001A » a quitté un terminal portuaire du nord-est du pays vers 6h45 heure locale pour entamer ses premières manœuvres en mer, ont annoncé la télévision étatique CCTV et l’agence Chine nouvelle.

Des clichés diffusés par CCTV montraient l’imposant porte-avions s’éloigner d’un quai, puis en mer, escorté par plusieurs bateaux militaires, de taille réduite, sous un ciel gris et dans un environnement brumeux.

C’est la première fois que le système de propulsion, la motorisation et le système de navigation du navire seront testés en mer, selon le média d’État.

La Chine dispose pour l’instant d’un seul porte-avions opérationnelÉ: le « Liaoning ». Construit par l’ex-URSS et racheté à l’Ukraine, il a été admis au service actif en 2012. Le second porte-avions chinois doit, lui, rejoindre officiellement les forces navales en 2018.

Ces deux navires sont similaires : ils sont à propulsion classique (et non nucléaire), peuvent embarquer environ une quarantaine d’avions, et sont équipés d’une rampe de lancement en tremplin. Ce système ancien impose de sacrifier des munitions au profit du carburant pour pouvoir décoller.

Mais les spéculations sont vives sur la possible construction d’un troisième porte-avions, qui pourrait bénéficier d’un système de propulsion par catapulte, selon des experts militaires cités par la presse d’État. En clair, cela permettrait aux chasseurs d’embarquer davantage de missiles et d’effectuer des missions plus longues.

L’armée chinoise poursuit ostensiblement sa montée en puissance face aux États-Unis, même si ceux-ci disposent encore d’un budget militaire près de trois fois supérieur.

Considéré comme la deuxième force mondiale, Pékin entend, notamment, rivaliser à terme avec la puissante marine américaine (US Navy) dans le Pacifique, via un ambitieux programme aéro-naval de centaines de milliards d’euros.

Et ce à l’heure où le régime communiste affirme avec davantage de fermeté ses prétentions territoriales en mer de Chine méridionale. Pékin, arguant d’une présence plus ancienne dans la zone, dispute à d’autres pays (Vietnam, Philippines, Malaisie, Bruneï) des îles et îlots, chaque nation en contrôlant plusieurs.

Avec un seul porte-avions pleinement opérationnel pour l’instant, la Chine reste cependant très loin derrière les États-Unis (11), mais se situe au niveau de la Russie, de la France, de l’Inde et du Royaume-Uni, avait indiqué à l’AFP Nick Childs, spécialiste des forces navales au centre de réflexion britannique International Institute for Strategic Studies (IISS).

« Par ailleurs, les porte-avions chinois sont nettement inférieurs en capacité par rapport aux américains », estime Steve Tsang, spécialiste de la défense chinoise à l’Ecole des études orientales et africaines (SOAS) à Londres.

D’après lui, même avec l’ajout d’un troisième porte-avions, l’équilibre des forces entre les deux marines chinoise et américaine n’évoluerait « que dans une proportion marginale ».

Pékin doit par ailleurs former suffisamment de pilotes capables de décoller et d’atterrir sur ces navires. Une technique ardue qui nécessitera encore plusieurs années de formation, selon les experts.