Le journaliste et chercheur spécialiste du mouvement djihadiste dans le Sinaï Ismail Alexandrani a été condamné à dix ans de prison par une cour militaire égyptienne, a affirmé mardi son avocat.
Alexandrani, arrêté en novembre 2015, est accusé de faire partie des Frères Musulmans, la confrérie panislamique déclarée organisation terroriste par l’Egypte en 2013, ainsi que d’avoir publié des secrets militaires, a expliqué Me Tarek Abdel Aal à l’AFP. Il a également été accusé de diffuser des informations susceptibles de nuire à la sécurité nationale dans ses entretiens et ses articles, a ajouté le conseil qui a également assuré qu’il ferait appel.
Arrêté il y a deux ans et demi à son retour de Berlin à l’aéroport d’Hurghada, station balnéaire sur les bords de la mer Rouge, il était depuis maintenu en détention provisoire. Spécialiste notamment de la question djihadiste dans le nord du Sinaï, où les forces de sécurité luttent contre une insurrection menée par le groupe Etat islamique, Alexandrani s’était rendu en Allemagne pour dispenser des cours sur la situation en Egypte, à en croire sa femme Khadija Gaafar.
Il est également connu pour ses écrits anti-régime et pour sa critique du rôle de l’armée en politique. La revue française « Orient XXI », à laquelle il contribue, a confirmé la sentence. Fin 2017, Reporters sans frontières avait réclamé sa libération « sans condition ». Ce verdict « illustre les représailles vicieuses du gouvernement contre les journalistes qui traitent des questions sensibles », a estimé la directrice Moyen-Orient de Human Rights Watch Sarah Leah Whitson. « C’est également un rappel que le gouvernement entend garder les abus des militaires sur les habitants du Sinaï loin des médias », a-t-elle ajouté. Les associations de défense des droits de l’homme accusent le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi d’avoir installé un régime répressif non seulement contre les Islamistes, mais élargies progressivement à toute forme de dissidence. Al-Sissi, a été élu en 2014, un an après avoir mené le coup d’état militaire contre le président islamiste Mohamed Morsi. Il a été réélu à la tête du pays en mars 2018