La presse française a franchi un nouveau palier dans ses attaques contre le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Dans son édition du 24 mai, l’hebdomadaire « Le Point » a en effet publié en couverture un portrait du dirigeant turc, avec la mention « Le dictateur ».
L’ex-directeur du journal, Franz-Olivier Giesbert, signera dans le même numéro, un éditorial intitulé « Erdogan est-il un nouvel Hitler ? », sans crainte du ridicule de l’énormité annoncée, dans un article alignant approximations et contre-vérités.
Giesbert relèvera ainsi dans son éditorial, les « innombrables rapprochements possibles entre le Führer et Recep Tayyip Erdogan ».
Selon le journaliste français, le président turc qualifie « les Kurdes de Syrie de terroristes, en continuant de traiter leurs cousins en Turquie comme des Untermenschen, corvéables à merci, assassinés à l’insu de leur plein gré par la police ».
Or ni le président turc, ni aucun responsable gouvernemental n’a décrit de cette façon les Kurdes de Syrie. Seules les branches syriennes du PKK, à savoir le PYD/YPG, ont été qualifiées de terroristes.
Quant à l’usage du terme « Untermenschen », issu de la phraséologie nazie, signifiant sous-homme, il est censé faire allusion aux supposées discriminations subies par la communauté kurde en Turquie.
Sauf que le parallèle établi par l’éditorialiste est en flagrante contradiction avec la réalité. Aucune communauté ne fait l’objet de discriminations en Turquie. Le pays qui a accueilli 3,5 millions de réfugiés syriens, compte d’ailleurs actuellement deux ministres issus de la communauté kurde. Sans parler de ceux des précédents gouvernements. Au moins 150 députés du Parlement turc sont également originaires de la communauté kurde, largement favorable, lors des élections, à la formation présidentielle, l’AK Parti.
L’article intitulé « Afrine, village martyr », publié en page 50, recèlera aussi son lot d’omissions délibérées. On y lira ainsi notamment : « l’occupant dit traquer les anciens sympathisants ou membres du PYD, parti kurde qui contrôlait auparavant la région, lié au PKK, mouvement révolutionnaire que l’Etat turc considère comme terroriste ».
De quel « occupant » parle l’article ? Sans doute de l’Armée turque et de l’Armée Syrienne Libre (ASL) qui sont parvenues, dans le cadre de l’opération Rameau d’olivier, lancée le 20 janvier, à libérer la ville d’Afrine et une grande partie de la région de l’emprise des terroristes du PYD. Car n’en déplaise au « Point », la localité a été prise par le PYD/YPG en 2012, par la force des armes. Quant au PKK, il est effectivement classé organisation terroriste, mais à la fois par la Turquie, le Canada, les Etats-Unis, et l’Union Européenne. Or l’article laisse entendre qu’il s’agit d’un « mouvement révolutionnaire », condamné par le seul Etat turc.
Curieuses omissions que celles du « Point », qui parait particulièrement sélectif dans sa couverture de l’actualité.
Ainsi, pour son numéro du 17 mai, soit 3 jours après le début du massacre des Palestiniens à Gaza, l’hebdomadaire choisira de ne faire à la « une » aucune allusion aux sanglants événements. Ainsi, sa couverture sera consacrée principalement à une enquête sociologique, avec trois autres titres ne concernant ni de près ni de loin le bain de sang à Gaza.
Le point sur lequel se sont focalisés l’opinion publique internationale et des institutions telles l’ONU, sera zappé. L’historien israélien Zeev Sternhell, aura beau relevé, dans une tribune publiée le 18 février dans le journal français « le Monde »: «un racisme proche du nazisme à ses débuts », en Israël. «Le Point » n’en n’a cure.
Le massacre des Palestiniens n‘aura pas non plus « l’honneur » de la couverture de l’édition du 24 mai. Pas directement en tous cas. C’est le portrait du président turc, Recep Tayyip Erdogan, que préférera afficher l’hebdomadaire, sous le gros titre « Le dictateur ».
Erdogan qui a convoqué un Sommet extraordinaire de l’Organisation de la Coopération Islamique, appelant à passer de la parole aux actes, et qualifiant Israël d’Etat « terroriste ». C’est en effet le dirigeant turc qui s’est le plus illustré sur la scène internationale, pour dénoncer le massacre à Gaza, et condamner l’élément déclencheur, à savoir le transfert de l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem.
Une position qui semble n’avoir pas eu l’heur de plaire à Franz-Olivier Giesbert, l’ex-directeur du « Point ». Pourquoi donc autant de fiel ?
Dans un éditorial publié le 16 décembre 2017, Giesbert affirmait : « Israël, est une terre juive et Jérusalem sa capitale historique », se félicitant de la volonté du président américain, Donald Trump, de transférer l’ambassade des Etats-Unis dans la ville occupée. L’article et la série de déclarations qui ont suivi, ont du reste été largement salués par la presse israélienne. Autant d’éléments qui donnent un certain éclairage sur l’attaque ciblant aujourd’hui Erdogan.