Les gauches redescendent dans la rue

Plus de 80 manifestations sont annoncées ce samedi dans toute la France à l’appel de plus de 60 organisations syndicales, associatives et politiques.

L’événement se veut être une «marée populaire». À Paris, le cortège partira de la gare de l’Est et cheminera jusqu’à Bastille.

Une redite, sur une base plus large et nationale, de «La fête à Macron» organisée le 5 mai à Paris par François Ruffin, député LFI de la Somme. Cette fête, sans débordement marquant, avait été considérée comme un succès. Qu’en sera-t-il cette fois?

La nouveauté samedi, c’est la participation exceptionnelle des syndicats, de la CGT en particulier. Le patron de la centrale de Montreuil, Philippe Martinez, défilera à Paris. Pour un syndicat, défiler un samedi, jour majoritairement chômé, n’est déjà pas un fait courant. Une affiche exceptionnelle donc, qui devrait drainer plus de monde que le 22 mai, lors de la manifestation de défense des fonctionnaires.

En tête de cette affiche, deux figures qui entraînent mais s’opposent: Philippe Martinez et le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Les photographes, cependant, ne pourront pas immortaliser leur présence côte à côte puisque Mélenchon, député de Marseille, défilera dans sa circonscription. Les relations que l’on sait tendues entre les deux hommes ne sont pas à l’origine de cette prudente organisation, assure-t-on côté LFI, mais cela arrange tout le monde. La fragile unité du mouvement social rend nécessaires quelques sacrifices.

À Paris, derrière un «cortège citoyen» symbolique un peu fourre-tout, les syndicats, les associations et les politiques défileront par ailleurs en trois groupes distincts les uns des autres. Et au sein du cortège politique, un tirage au sort a été réalisé pour définir l’ordre de passage des partis. Une nécessité au vu des tensions. Le 5 mai, des proches de Ruffin mais aussi des communistes ou ceux du mouvement Génération.s de l’ex-PS Benoît Hamon avaient trouvé excessive la place prise par LFI et son leader. «Jean-Luc Mélenchon n’est pas à l’initiative des manifestations de demain contre Emmanuel Macron», a ainsi précisé Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF sur France Info. «Ce qui fait leur force, c’est précisément ce qui les a initiées: plus de 60 organisations, des organisations syndicales, des associations, des partis politiques, qui ont tous décidé de se respecter.» Face à un «pouvoir très arrogant», ils veulent «unir (leurs) forces pour faire entendre un changement de cap social». «Il y aura du monde, les éléments sont réunis pour cela», assure Alexis Corbière au Figaro. Le député LFI de Seine-Saint-Denis espère que ce «front populaire» – une «formule politique un peu nouvelle» que Mélenchon avait déjà tenté de réaliser à l’automne dernier – sera une réussite, poussant la frontière entre politiques et syndicats «à ne plus être infranchissable».