Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a estimé jeudi que la Française Mélina Boughedir était une « terroriste de Daech (acronyme arabe de l’Etat islamique, ndlr) qui a combattu contre l’Irak » et réitéré qu’elle devait être jugée dans ce pays. »Madame Boughedir est une combattante.
Quand on va à Mossoul (nord de l’Irak) en 2016, c’est pour combattre et donc elle est jugée sur les lieux de ses exactions. C’est la logique normale. Elle a combattu contre les unités irakiennes, elle est jugée en Irak », a-t-il déclaré à la chaîne d’information en continu LCI. « Elle est défendue, nous faisons en sorte que notre consultat suive sa situation, mais c’est à la justice irakienne de rendre son verdict à l’égard d’une terroriste de Daech qui a combattu contre l’Irak », a-t-il martelé. Arrêtée durant l’été 2017 à Mossoul, ancienne « capitale » irakienne du groupe Etat islamique (EI) dans le nord du pays, Mélina Boughedir avait été condamnée en février à sept mois de prison pour entrée « illégale » en Irak et devait initialement être expulsée vers la France.
Mais la cour de cassation irakienne a réexaminé le dossier et estimé qu’il ne s’agissait pas d’une simple entrée illégale. La jeune femme de 27 ans, mère de quatre enfants – dont trois ont été rapatriés en France – est rejugée depuis le 2 mai pour « terrorisme » et risque la peine capitale. Une prochaine audience est prévue le 3 juin. « Nous n’avons pas vocation à nous mêler des jugements » mais « nous condamnons totalement la peine de mort » et « nous souhaitons qu’elle ne soit pas appliquée en Irak », a relevé M. Le Drian en rappelant l’avoir fait savoir aux autorités irakiennes lors de sa visite à Bagdad en février. Une autre djihadiste française, Djamila Boutoutaou, a été condamnée en avril à la prison à perpétuité pour appartenance au groupe EI par la cour pénale centrale de Bagdad devant laquelle elle a plaidé avoir été dupée par son mari.