Plus de 1000 migrants qui s’étaient installés sur le campement du canal Saint-Martin et à la porte de Poissonniers vont être mis à l’abri avant de faire «l’objet d’un examen» de leur situation, ont annoncé les autorités tôt ce lundi matin.
Cinq jours après l’évacuation du camp du «Millénaire» près de la Vilette, à Paris, deux nouvelles opérations d’évacuations ont eu lieu ce lundi matin sur les deux derniers grands campements insalubres de migrants à Paris, ont rapporté les autorités.
L’opération a débuté dans le calme aux alentours de 06H30 sur le campement du canal Saint-Martin dans le Xe arrondissement, où environ 550 personnes avaient été recensées avant le week-end. Une évacuation était également en cours porte de Poissonniers, non loin de Porte de la Chapelle dans le XVIIIe, où quelque 450 personnes étaient installées, ont indiqué la préfecture d’Île-de-France et la préfecture de police dans un communiqué commun. «Les personnes mises à l’abri feront l’objet d’un examen complet et approfondi de leur situation administrative par les services de l’État, ont précisé les autorités. Cet examen déterminera leur orientation dans des structures d’hébergement adaptées à leur situation».
Originaires essentiellement d’Afghanistan, les migrants du canal Saint-Martin étaient installés sous des tentes depuis plusieurs mois, non loin de la place Stalingrad qui avait vu des campements sauvages se reconstituer à plusieurs reprises en 2017. Yahye, un Soudanais qui s’est vu refuser une demande d’asile, dormait au bord du canal depuis deux mois et attendait lundi matin les bus qui doivent l’amener «vers un campement, une maison, un stade», dit-il en français. Il ne sait pas exactement où, mais «ce sera mieux qu’ici», affirme-t-il.
Comme à chaque fois, les personnes embarquent dans des bus pour être mis à l’abri. Selon la préfecture de région, une quinzaine de bus ont été mobilisés et 1200 places d’hébergement réservées en gymnase pour accueillir les migrants.
Cette opération, la 36e organisée dans la capitale depuis trois ans, intervient moins d’une semaine après l’évacuation du plus gros campement de Paris, celui dit du «Millénaire», près de la porte de la Villette. Un millier de migrants avaient alors été acheminés dans des structures d’accueil, principalement des gymnases.
La situation sur ces campements suscitait depuis plusieurs semaines des inquiétudes croissantes, sur fond d’insalubrité et de tensions. En mai, un migrant était mort noyé dans le canal Saint-Martin et une violente rixe avait fait un blessé grave au Millénaire. Depuis plusieurs semaines, la gestion des migrants à Paris était également au cœur d’une bataille politique entre l’exécutif et la maire PS de Paris Anne Hidalgo. Le gouvernement a plusieurs fois reproché à la municipalité de ne pas avoir pris la «responsabilité politique» de demander une évacuation. De son côté, la mairie a rejeté la responsabilité sur le gouvernement en l’appelant à respecter ses «obligations légales» dans l’accueil des réfugiés.