En Grèce, deux journalistes sont condamnés à 20 de prison chacun

Le propriétaire et l’éditeur en chef du journal « Millet Gazetesi », respectivement Cengiz Ömer et Feyzullah Hasankahya ont été condamnés, vendredi, à 20 mois de prison chacun, pour insultes par voie de presse à l’encontre des muftis de Xánthi et Komotini, nommés par les autorités grecques en Thrace occidentale.

Les muftis nommés de Xánthi et Komotini, Mehmet Emin Sinikoglu et Cemali Meco, s’estimant insultés par un article de Feyzullah Hasankahya publié dans le quotidien « Millet Gazetesi », avaient déposé plainte contre l’auteur et le journal.

Jugés en première instance, Cengiz Omer et Feyzullah Hasankahya ont été condamnés à 20 mois de prison chacun.

Le deux prévenus ont fait appel de la décision et ont ainsi pu sortir libre du tribunal.

Interrogé par le correspondant d’Anadolu (AA), Feyzullah Hasankahya a défendu la ligne éditoriale de son journal, qui, selon lui, tente de faire la lumière sur les violations flagrantes, par les autorités grecques, des droits de la minorité turque musulmane de Thrace occidentale, des droits pourtant garantis par des accords et parle de « problèmes chroniques concernant les minorités ».

« Les Turcs musulmans de Thrace occidentale sont privés de leur droit le plus fondamental, dans le cadre de la liberté de religion et de conscience, qui est celui de choisir ceux qui dirigeront leurs institutions religieuses. Dans un pays non musulman, c’est la communauté turque musulmane qui est à même de faire le meilleur choix . Malheureusement, le gouvernement grec, sans consulter les musulmans de Thrace occidentale, impose aux postes de muftis, avec des méthodes dictatoriales, des individus effacées et sans aucune personnalité » a t-il insisté.

Affirmant que son média est devenu la cible de certains milieux en raison des positions qu’elle défend, Hasankahya a poursuivi :

« En tant que ‘Millet Gazetesi’, parce que nous dénonçons ces méthodes contraires à la liberté de religion et de conscience, nous sommes l’objet de multiples plantes. Ils veulent nous faire peur, nous intimider. Ils veulent nous décourager, nous empêcher de défendre nos droits. Nous n’avons pas peur et jamais nous ne nous tairons. Nous allons continuer à défendre nos droits nés des accords internationaux sur les différentes plateformes. Que personne n’est de doute la dessus » a t-il martelé.

Quand au propriétaire du journal, Cengiz Omer, il a fustigé cette décision dans un message publié sur son compte Twitter.

« C’est une décision que l’histoire retiendra » a t-il noté.

En Grèce, les chefs religieux de la minorité turque musulmane de Thrace occidentale sont nommés par l’Etat. La minorité turque s’oppose à ces pratiques et veut pouvoir choisir ses représentants religieux.

Dans son article incriminé, Hasankahya a écrit que la nominations des muftis de Xánthi et Komotini, par les autorités grecques, était contraire aux accords internationaux et aux lois et que par conséquent ces derniers ne méritaient pas le titre de mufti.