La relation particulière entre Emmanuel Macron et Donald Trump s’est rafraîchie dans les jours précédant le sommet du G7 au Canada, sur fond d’échanges de tweets abrupts sur la guerre commerciale, mais le courant passe toujours.
Pour le prouver, dès son arrivée au sommet, le président américain a voulu rencontrer le Français pour un bref tête-à-tête, avant un G7 où il s’oppose à tous ses partenaires sur la question des tarifs douaniers.
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Les deux hommes ont ainsi bavardé pendant dix bonnes minutes dans un salon du palace qui accueille le sommet, parlant notamment commerce et Corée du Nord. Une rencontre « pour se coordonner », a indiqué l’Elysée, qui a posté sur Twitter une vidéo les montrant tous les deux discutant sur un canapé.
Le climat de leur entretien formel, prévu en fin d’après-midi, sera scruté de près, après les effusions et assauts d’amabilité de leur dernière entrevue à Washington en avril.
M. Macron devait être le seul, avec l’hôte du sommet Justin Trudeau, à avoir un entretien bilatéral avec Donald Trump.
L’ambiance entre les deux dirigeants, qui ont jusqu’ici affiché de solides lien d’amitié, s’est tendue depuis quelques jours, le président français réaffirmant jeudi ses critiques virulentes contre les taxes américaines.
Et leur coup de fil de la semaine dernière sur ce sujet avait été très tendu, selon la presse américaine.
Pour constituer au G7 un front uni contre Donald Trump, juste avant le début du sommet, Emmanuel Macron a réuni ses homologues européens – Angela Merkel, Theresa May, Giuseppe Conte. Les quatre dirigeants européens, avec Canada et le Japon, sont prêts à conclure un accord à six pour défendre le commerce multilatéral, selon l’Elysée.
« Nul n’est éternel »
Déjà, les tweets échangés depuis deux jours ont révélé une tension croissante entre les présidents français et américain.
« Les 6 pays du G7 sans les Etats-Unis, c’est un marché plus grand que le marché américain. Il ne faut pas l’oublier », avait ainsi tweeté le président français jeudi.
« S’il vous plaît, dites au Premier ministre Trudeau et au président Macron qu’ils imposent aux Etats-Unis des taxes massives et des bannières non-douanières », lui avait aussitôt répondu Donald Trump.
« Peut-être que ça est égal au Président américain d’être isolé mais ça nous est aussi égal d’être à 6 si besoin était », lui a répliqué quelques heures plus tard Emmanuel Macron, en français et en anglais.
Et d’ajouter, toujours dans les deux langues: « de toutes mes forces, je lutte contre l’hégémonie. L’hégémonie, c’est la règle du plus fort ».
Déjà mercredi, il avait lancé à l’adresse de son partenaire américain : « Aucun dirigeant n’est éternel. Nous héritons d’engagements qui nous dépassent ».
« La volonté de signer un texte à 7 ne doit pas être plus forte que le contenu de ce texte. Il ne faut pas, par principe, s’interdire un accord à 6+1. », avait déclaré le Français.
Et il s’est directement adressé à Donald Trump, en lui lançant : « l?isolationnisme est mauvais pour le peuple américain. Je pense que le Président Trump le sait ».
Pourtant, malgré ces passes d’armes publiques, qui montrent à leurs opinions publiques leur fermeté de principe, MM. Macron et Trump ont pris soin d’éviter de s’approcher d’un point de rupture.
Ainsi le président américain a clairement épargné le Français par rapport au Premier ministre canadien Justin Trudeau, cible jeudi de plusieurs tweets vengeurs sur les échanges commerciaux.
« J’ai toujours tout fait pour le convaincre, sinon je ne jouerais pas mon rôle. Il n’y a rien qui change » entre nous, a aussi nuancé le président français, se disant « pas étonné que M. Trump mette en application ses engagements de campagne ».
Emmanuel Macron a aussi répété qu’il continuait à rechercher avec Donald Trump « la relation la plus chaleureuse possible », même s’il met désormais davantage en avant l’amitié franco-américaine que leur rapport personnel. « Mais cela n’empêche pas d’exprimer des désaccords », avait-il dit.