L’Impact de l’instabilité politique sur les jeunes en Afghanistan

La stabilité politique et la consolidation de la paix sont parmi les principales préoccupations du peuple afghan d’aujourd’hui, mais aussi les domaines qui les déçoivent le plus. Ces dernières années, la croyance populaire selon laquelle la société afghane pouvait réellement progresser vers la paix et la stabilité politique a été gravement ébranlée.

La croyance qui veut que le pays pourrait un jour s’unir ne sait pas réalisée instantanément, mais s’est façonnée sur de nombreuses années et a seulement progressivement atteint son niveau le plus intense au fil des siècles. L’ère de l’indépendance de l’Afghanistan (1919) est un exemple remarquable qui avait permis de renouveler les espoirs d’un pays pacifique.

Le rôle des jeunes dans la défaite de l’armée rouge soviétique est un exemple clé de la façon dont les jeunes Afghans se sont toujours sentis responsables de la paix, de la stabilité, de la souveraineté et de l’indépendance du pays et de son peuple, et ils ont toujours été activement impliqués dans la défense de l’Afghanistan soit avec les armes ou par la préservation, et dans la protection des valeurs internes telles que la paix et la prospérité.

La chute des talibans, le retrait d’Al-Qaïda d’Afghanistan et l’annonce du gouvernement intérimaire à la Conférence de Bonn en décembre 2001 ont ravivé la conviction du peuple afghan que le pays pouvait atteindre la stabilité politique cette fois-ci (bien que l’on puisse témoigner d’ années politiquement stables sous les règnes de Shah Amanullah Khan au début des années 1920 et Mohammad Zahir Shah de 1933 à 1973).

L’appui de la communauté internationale au développement de l’Afghanistan et au renforcement de la bonne gouvernance et de divers secteurs, tels que l’éducation, l’industrie, le génie civil, etc., a accru les espoirs de la jeune génération d’une paix en Afghanistan une fois de plus, et par conséquent, ils n’ont jamais négligé leurs responsabilités envers la communauté. En tant que segment socialement conscient de la population afghane, la jeune génération a fait de son mieux pour renforcer ses capacités. Ils ont poursuivi l’enseignement supérieur, ont participé à des compétitions internationales et ont réalisé beaucoup dans des domaines tels que la technologie, la science, les arts et les sports. Non seulement cela, mais ils ont également participé à l’enrichissement de divers secteurs au sein du gouvernement en y apportant des innovations.

Dans le processus de développement, ce ne sont plus seulement les garçons et les jeunes hommes, mais aussi les filles et les jeunes femmes qui sont devenues actives dans différents domaines. La participation des femmes dans le secteur de l’éducation et leur adhésion à la main-d’œuvre en lançant leurs propres entreprises et en ouvrant des bureaux juridiques et consultatifs a accru les espoirs de stabilité, de croissance et de développement de la communauté parce que les femmes avaient été marginalisées la plupart du temps, et leur participation a ajouté une vigueur renouvelée au processus de développement.

Mais malgré tous ces efforts, pourquoi rien ne change en Afghanistan? D’une part, les attaques menées par des groupes terroristes tels que les Taliban et Daesh ont réduit les espoirs de développement et de bien-être de la communauté. Les jeunes ne peuvent pas voir les résultats de leurs longues luttes, et certains sont même morts en espérant voir leurs souhaits se réaliser.

Les attentats terroristes contre les universités, le ciblage des étudiantes par pulvérisation d’acide sur leurs visages, le harcèlement sexuel des étudiantes et autres actes de ce genre indiquent que les jeunes ne voient plus de signes de progrès dans leur pays. Ils commencent à perdre leur croyance à l’amélioration future et à la réalisation de la stabilité, du développement et de la paix au sein de la société.

La frustration des jeunes les a souvent amenés à émigrer en Europe à maintes reprises : déjà sous l’occupation des Soviets, ainsi que pendant l’ère des talibans et sous l’égide du gouvernement de l’unité nationale. Cette fois, c’est l’émigration des jeunes, des forces actives et instruites de l’Afghanistan, ce qui a causé une énorme déception pour le peuple. En conséquence, la seule option pour les jeunes était de migrer afin d’échapper au suicide, à la panique et à la pauvreté. L’émigration, quitter les familles, quitter l’école, quitter les carrières et faire partie des sociétés étrangères ne sont pas des décisions faciles, mais ce sont souvent les seuls choix. En acceptant la difficulté de ce choix et, surtout, le gaspillage de nombreuses années de temps et d’énergie, ils finissent par fusionner avec de nouvelles sociétés. L’émigration n’est pas un processus facile, et cela signifie que les jeunes passent leurs précieuses vies à travailler dur vers l’objectif d’améliorer l’Afghanistan, mais malheureusement ils ne peuvent pas bénéficier des résultats de leurs efforts.

Ces dernières années, les jeunes ont joué un rôle clé dans les processus électoraux pour déterminer leur sort. Leur participation politique a montré que leurs espoirs ne sont pas complètement morts et qu’ils continuent à s’accrocher à l’optimisme pour la paix, la construction de la nation, le développement et la justice sociale. Toutefois, cela semble aussi changer pour le pire: l’Afghanistan est au bord des élections parlementaires à nouveau, et l’enthousiasme de la jeune génération pour la participation au processus électoral semble avoir réduit fortement, ce qui démontre leur désespoir face à la stabilité politique et la sécurité dans le pays.

Les attentats-suicides, le massacre de personnes et la perte d’un grand nombre d’élites et de jeunes bien informés dans les médias et le journalisme ont accueilli les niveaux déjà élevés de frustration dans la situation politique actuelle. Les esprits des jeunes ont été si gravement touchés qu’ils ont même perdu l’espoir d’obtenir des cartes d’identité électronique, dont la distribution a commencé récemment.

Les jeunes Afghans considèrent la stabilité politique, la sécurité et l’attention aux politiques de développement et de justice comme les conditions fondamentales pour que la société se dirige vers l’illumination, la civilisation et la prospérité. Étant donné les difficultés persistantes dans le contexte actuel, la réalisation d’une société florissante n’est malheureusement plus attendue.