Sujet « migrants » sème querelle entre Paris et Rome ?

L’éxecutif italien refuse de recevoir des « leçons hypocrites » du pays qui « ayant préféré détourner la tête » sur la question migratoire, a indiqué mardi la présidence du Conseil.

« Les déclarations concernant Aquarius (le navire humanitaire – réd.) qui proviennent de la France sont surprenantes », selon cette note, qui souligne que « l’Italie ne peut accepter de leçons hypocrites de pays ayant préféré détourner la tête en matière d’immigration ».

D’abord publié dans les médias italiens, mais non rendu officiellement public, le contenu de cette note a ensuite été confirmé à l’AFP par le Palais Chigi, le siège de la présidence du Conseil italien.

« Le gouvernement italien n’a jamais abandonné ou laissé seules les presque 700 personnes à bord de l’Aquarius », affirme encore cette note, alors que ce navire humanitaire, affrété par l’ONG française SOS Méditerranée, devait faire route vers l’Espagne après le refus de l’Italie et de Malte de lui ouvrir leurs ports pour y débarquer quelque 629 migrants secourus au large de la Libye.

Et après avoir pris acte de ce refus de la part des autorités maltaises, « nous avons reçu un geste inédit de solidarité de la part de l’Espagne. Ce même geste n’est pas arrivé de la France, qui de plus a adopté à maintes reprises des politiques bien plus rigides et cyniques en matière d’accueil » des migrants, poursuit la note.

Emmanuel Macron a accusé mardi l’Italie de « de cynisme et d’irresponsabilité » après refus de ses autorités d’accueillir l’Aquarius, avait déclaré plus tôt le porte-parole du gouvernement français Benjamin Griveaux.

Le président français « a tenu à rappeler le droit maritime », qui indique « qu’en cas de détresse, ce soit la côte la plus proche qui assume la responsabilité de l’accueil ». « Si un bateau avait la France pour rive la plus proche, il pourrait accoster » en France, car « c’est le respect du droit international », a ajouté le président, saluant le courage de l’Espagne qui a décidé d’accueillir le bateau, toujours selon le porte-parole.

« La France prend sa part, mais ce qui est inacceptable, c’est le comportement et l’instrumentalisation politique qui en a été faite par le gouvernement italien », a dénoncé M. Griveaux à la presse.

« La France repousse quotidiennement les migrants à Vintimille », sur la frontière franco-italienne, a déclaré de son côté sur Facebook le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème).

« La France et l’Espagne ont fermé leurs ports depuis longtemps (…) Il est embarrassant que des représentants de ces pays viennent faire la morale seulement parce que nous demandons à tous nos partenaires européens de partager avec l’Italie les droits, les devoirs et la solidarité », écrit encore M. Di Maio, qui est également ministre du Développement économique.