L’ex-dirigeant catalan Carles Puigdemont a-t-il été espionné en Belgique par l’Espagne à l’insu des autorités belges? Des députés belges ont exigé des explications des services de renseignement du pays, sur fond de « montée en puissance » de l’activité secrète de certains pays sur le sol belge.
Fin mars, après l’arrestation de M. Puigdemont en Allemagne à l’issue de cinq mois d’exil en Belgique, plusieurs médias avaient fait état de la découverte peu auparavant sous sa voiture d’une balise de traçage GPS destiné à pouvoir le localiser en permanence.
Les services de renseignement espagnols ont été soupçonnés par les proches du président destitué de la Catalogne. Une plainte a été déposée en Belgique pour violation de la vie privée et une enquête judiciaire a été ouverte, selon l’agence de presse Belga.
Désormais c’est la structure de contrôle des services de renseignement belges, appelée Comité R, qui est saisie d’une demande d’enquête de la part des parlementaires qui peuvent la solliciter, ont rapporté mercredi les médias.
« Je veux savoir si une intervention des services de sécurité espagnols a été opérée sur notre territoire », a déclaré le député Peter Buysrogge (N-VA, nationalistes flamands). « Et si c’est le cas, la Sûreté de l’Etat (le renseignement civil en Belgique, ndlr) a-t-elle pris connaissance de cette opération? », s’est-il interrogé.
La demande d’enquête, qui pourrait être suivie d’effet, intervient sur fond de « montée en puissance » de certains services de renseignement étrangers sur le sol belge, de l’avis même du président du comité R, Guy Rapaille.
Concernant les Espagnols, il juge « pas impossible » qu’une enquête soit ouverte « pour savoir ce que la Belgique savait » des opérations de suivi de M. Puigdemont sur le sol belge. « Ce que je peux déjà dire, c’est que les Belges n’y ont pas participé. Normalement ils auraient dû être mis au courant », poursuit M. Rapaille.
Interrogé mercredi dans le quotidien Le Soir, ce haut responsable cite aussi la présence en Belgique – où vit une forte communauté turque – d’agents de renseignement au service du président turc Erdogan.
« Il y aussi les Rwandais, il ne faut pas se voiler la face. Nous avons été informés de l’existence d’escadrons de la mort rwandais en Europe », ajoute-t-il.
Carles Puigdemont est actuellement sous surveillance judiciaire en Allemagne, toujours sous la menace d’une remise à l’Espagne qui veut le juger pour « rébellion » depuis la tentative avortée de sécession de la Catalogne en octobre 2017.
Cette crise politique a suscité à l’automne des frictions entre l’Espagne et la Belgique, où les nationalistes flamands sympathisants des indépendantistes catalans dominent la coalition au pouvoir.