La directrice générale de SOS Méditerranée s’est inquiétée mercredi à Marseille des « morts annoncées » en mer depuis que l’Aquarius a dû quitter sa zone de sauvetage mardi soir pour se rendre à Valence, après le refus de l’Italie d’accueillir les migrants secourus.
« Pendant que l’Aquarius va aller faire 1.500 km aller pour débarquer les migrants à Valence, que se passe-t-il sur la zone de naufrage ? », s’est demandée Sophie Beau lors d’une conférence de presse à Marseille, où est basée l’ONG européenne.
La directrice générale a rappelé que l' »épopée » de l’Aquarius, accompagné de deux bateaux italiens, pour acheminer 629 migrants jusqu’à Valence en Espagne, laisse un grand vide au large des côtes libyennes où chaque jour des dizaines de personnes tentent une traversée sur des embarcations de fortune.
Outre le navire à coque orange et blanche, un navire des garde-côtes italiens, qui fait partie de la flottille navigant jusqu’à Valence, manque aussi à l’appel.
« C’est l’absence de moyens cruciaux pour sauver des vies et ce sont des nouvelles victimes qui se produisent sous nos yeux (…), qui sont des morts annoncées », a dénoncé Mme Beau.
Lors d’un naufrage survenu mardi, selon SOS Méditerranée, malgré le secours de l’ONG allemande Sea-Watch et d’un bateau américain, 41 naufragés ont été secourus et au moins 12 personnes sont mortes. « En général il y a au moins 100 personnes par embarcation pneumatique donc on ne peut pas connaître l’ampleur de ce nouveau naufrage ».
Annonçant dès mardi que l’Aquarius allait retourner dans la zone de sauvetage dès que possible, SOS Méditerranée s’interroge maintenant sur ses futures actions, alors que l’Italie lui ferme ses côtes.
« Que va-t-il se passer? Va-t-on faire le même scénario à chaque fois ? », s’est interrogée Sophie Beau.
Refusant de commenter la polémique sur le sort de l’Aquarius, ballotté pendant plus de trois jours au gré des décisions du gouvernement italien, Sophie Beau a estimé que « tous les Etats européens sont responsables; (…) ils ont refusé d’écouter les appels à l’aide de l’Italie ».
« L’inaction de l’Europe est criminelle », a-t-elle ajouté, évoquant « 15.000 morts depuis trois ans », en Méditerranée.
SOS Méditerranée pointe toutefois du doigt « une gestion italienne qui n’a ni queue ni tête », puisque l’Italie s’apprêtait mercredi à accueillir 900 migrants secourus par les garde-côtes « alors qu’elle refuse les bateaux d’ONG ».