L’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, récompensée à l’étranger pour son engagement dans la défense des droits de l’Homme, a été arrêtée aujourd’hui, a annoncé son mari sur Facebook.
« Nasrin a été arrêtée à la maison et transférée à Evine », a écrit son mari Reza Khandan, en référence à la prison de Téhéran où sont détenus de nombreux prisonniers politiques.
L’avocate âgée de 55 ans et figure du combat en faveur des droits de l’Homme en Iran, a récemment défendu plusieurs femmes arrêtées pour avoir enlevé leur voile en public afin de protester contre son port obligatoire depuis la révolution islamique de 1979. « J’ai dit une fois aux interrogateurs » que la seule chose que les autorités savaient faire « c’est arrêter les gens », a ajouté son mari.
Mme Sotoudeh a défendu des journalistes et des militantes comme l’avocate et lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, ainsi que des opposants arrêtés lors des manifestations de 2009 contre la réélection à la présidence de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Elle s’est vu décerner en 2012 par le Parlement européen le prestigieux Prix Sakharov. Dans un communiqué, Amnesty International a dénoncé la détention de Mme Sotoudeh.
Son mari a déclaré à un média à l’étranger que la militante avait été arrêtée pour purger une peine de cinq ans de prison, une sentence dont la famille n’était pas du tout au courant selon lui, a ajouté l’organisation de défense des droits de l’Homme basée à Londres. « Nasrin Sotoudeh s’est battue toute sa vie pour la défense des droits de l’Homme en Iran. Son arrestation est le dernier exemple des tentatives des autorités iraniennes de l’empêcher de poursuivre son travail important comme avocate », a dit Philip Luther, un responsable à Amnesty.
L’avocate a passé trois ans en prison (2010 à 2013) pour avoir agi, selon les autorités, « contre la sécurité nationale » et fait de « la propagande anti-régime ». Durant son incarcération, elle avait observé deux grèves de la faim pour protester contre ses conditions de détention dans la prison d’Evine et l’interdiction de voir son fils et sa fille. Elle a été libérée en septembre 2013 mais il lui est interdit de quitter l’Iran jusqu’en 2022.