Nouveau revers dans la tension entre la Pologne et l’Union européenne. Trois anciens présidents polonais, dont Lech Walesa, ainsi que plusieurs autres hauts responsables, ont demandé mercredi 13 juin
aux institutions européennes de défendre l’État de droit dans leur pays, menacé selon eux par la politique des conservateurs au pouvoir.
« Le 3 juillet prochain, une loi sur la Cour Suprême entrera en vigueur, qui supprime définitivement le principe de séparation des trois pouvoirs et l’essence même de l’État de droit démocratique », déclarent les signataires dans un appel publié par le grand quotidien d’opposition Gazeta Wyborcza.
« Le parti au pouvoir achève l’œuvre de démontage du système de séparation des trois pouvoirs, violant directement les principes de la Constitution polonaise », accusent-ils, avant d’appeler« la Commission européenne et le Conseil Européen à rester fidèles aux valeurs fondamentales inscrites à l’article 2 du Traité sur l’Union européenne ». Celui-ci mentionne notamment l’État de droit ainsi que la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité et le respect des droits de l’homme.
Au pouvoir depuis l’automne 2015, les conservateurs polonais sont empêtrés dans un long différend avec la Commission européenne concernant leurs réformes du système judiciaire. Bruxelles craint que le pouvoir politique n’ait une influence directe sur le pouvoir judiciaire.
L’UE « est la dernière instance qui peut défendre l’État de droit en Pologne »
C’est suite à ces réformes controversées que l’Union européenne (UE) avait déclenché fin décembre la phase préliminaire d’une procédure inédite, l’article 7 du traité sur l’UE, qui peut mener en théorie à une suspension des droits de vote du pays au sein de l’Union.
Les auteurs de l’appel publié mercredi 13 disent « espérer » que la majorité conservatrice polonaise engagera « un dialogue honnête » avec les institutions européennes et « changera sa politique qui enfreint nos valeurs européennes communes ». Ils également souligné que l’Union européenne « est la dernière instance qui peut défendre l’État de droit en Pologne ».
L’appel, dont le premier signataire est Lech Walesa, chef légendaire du syndicat Solidarité, prix Nobel de la Paix et président de la Pologne de 1990 à 1995, est signé aussi par d’autres personnalités. Notamment les anciens présidents Aleksander Kwasniewski (1995-2005) et Bronislaw Komorowski (2010-2015), par quatre anciens Premiers ministres, quatre anciens ministres des Affaires étrangères et par trois figures emblématiques de l’opposition anticommuniste, anciens prisonniers politiques.