Le refus du nouveau gouvernement italien de laisser accoster le navire de migrants Aquarius a provoqué de nouvelles crispations diplomatiques entre Rome et Paris qui se sont accusées respectivement d’ « hypocrisie » et de « cynisme ». Des crispations qui ont été au cœur des discussions au Parlement européen à Strasbourg.
Ils sont nombreux ici à critiquer les propos du président français. Emmanuel Macron qui a dénoncé « la part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien » en raison de son refus d’accueillir le navire Aquarius dans un port en Italie. « Moi, je soutiens l’initiative de Matteo Salvini de dire stop, de contribuer à casser cette spirale d’immigration illégale qui arrive par la mer, affirme Nadine Morano, eurodéputée française du parti Les Républicains. C’est courageux. Mais en fait, ce qui n’est pas correct c’est la réaction de la France qui se permet de donner des leçons de morale à l’Italie. »
Pour l’ancienne ministre italienne de l’Immigration, actuellement eurodéputée, le président français aurait mieux fait de s’abstenir de tout commentaire. Et de rappeler quelques chiffres, l’an dernier, 70% des migrants arrivés en Europe ont débarqué sur les côtes italiennes. « Si monsieur le président Macron voulait démontrer qu’il est différent, il aurait ouvert ses frontières et se mettre au niveau du conseil pour dire qu’on doit essayer de partager les responsabilités entre les Etats membres, témoigne Cecile Kyenge. Mais au contraire, il a préféré fermer les frontières en laissant toute la responsabilité sur l’Italie. »
Tous ici appellent le président français à avancer, enfin, sur la révision du règlement de Dublin qui donne aux pays en première ligne la charge d’instruire la demande d’asile d’un migrant, sujet qui sera à l’ordre du jour du sommet européen fin juin.
■ Valence « ville solidaire »
Les 629 migrants sauvés en mer par l’Aquarius seront accueillis à Valence en Espagne. C’est là que le bateau de MSF et SOS méditerranée abordera, en fin de semaine, tout comme les deux navires italiens qui ont pris à bord une partie des passagers. Pour le maire, Joan Ribo, c’est un geste de solidarité de tous les citoyens de Valence.
« Notre première motivation, c’est le respect des droits humains, ça, c’est la base. Le deuxième élément, c’est qu’il y a trois ans nous avions essayé de faire la même chose, quand il y a eu la catastrophe des réfugiés syriens qui a coûté la vie au petit Aylan. Mais à ce moment-là le gouvernement espagnol, du Parti populaire, ne nous l’a pas permis. Valence est une ville solidaire, elle a accueilli des réfugiés pendant la guerre civile espagnole. Le respect des droits de l’homme, leur mise en œuvre concrète c’est quelque chose d’important ici. Et c’est ce qu’on fait, tout simplement. Et on est très contents, parce que ce n’est pas une décision du maire, c’est une décision de toute la ville : on a reçu une foule de propositions d’aides, de coopération avec la ville, de bonnes volontés, ça va des scouts aux ONG en passant par les entreprises de la ville. Et par conséquent, je tiens à dire, et j’en suis très heureux, qu’à Valence ce n’est pas juste le maire, la municipalité, c’est toute la ville qui est solidaire. »