A dix jours d’un Conseil européen crucial, Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont accordés ce mardi pour mettre en place un budget de la zone euro à partir de 2021 pour un montant à négocier avec les autres pays membres de la monnaie unique.
L’épineuse question de la réforme de la zone euro, qui a fait l’objet d’intenses tractations jusqu’à la dernière minute, a dominé les échanges de plus de trois heures au château de Meseberg, près de Berlin, entre le chef de l’Etat français et la chancelière allemande, qui ont débouché sur une déclaration commune.
« Ce que nous avons décidé et acté aujourd’hui était loin d’être acquis il y a quelques mois et était espéré, souhaité, discuté, commenté depuis dix ans sans résultats », s’est félicité Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse commune.
Parmi les mesures phares actées entre Paris et Berlin, qui devront désormais convaincre leurs partenaires de s’engager sur cette voie, un « premier budget de la zone euro en 2021 ». Ce dernier pourrait être financé par des ressources nationales et une fiscalité européenne affectée, Angela Merkel évoquant notamment une taxe européenne sur les transactions financières.
Aucun montant n’a toutefois été évoqué pour ce budget, auquel Berlin a longtemps été réticent. L’Allemagne tablait sur un montant limité à deux chiffres en milliards d’euros (soit quelques dizaines de milliards d’euros) contre les « plusieurs points de PIB de la zone euro » (soit plusieurs centaines de milliards d’euros) suggérés par Paris.
Les deux dirigeants sont également convenus de la mise en place d’un filet de sécurité qui pourrait être activé en dernier ressort en cas de faillite bancaire si la contribution des créanciers privés ne suffit pas, ce dispositif devant être rattaché au Mécanisme européen de stabilité.
« À condition que des progrès suffisants soient réalisés dans tous les domaines pertinents de réduction des risques, à faire évaluer par les autorités compétentes, l’entrée en vigueur du backstop devrait être anticipée avant 2024 », précise la déclaration finale, une concession accordée à Paris qui militait pour une mise en place avant 2024.
Question migratoire
Sous pression de ses alliés bavarois de l’Union Chrétienne-Sociale (CSU), notamment sur la question des migrations, Angela Merkel a assuré que tout ce qui avait été acté à Meseberg trouverait le « soutien de la coalition » gouvernementale. Le travail sur une feuille de route pour entamer des négociations politiques sur la garantie européenne des dépôts (EDIS) qui rassurerait les épargnants, pourrait lui commencer après le conseil européen de juin.
Autre grand sujet abordé mardi, la question migratoire dans le sillage de la crise de l’Aquarius, ce navire de migrants refoulé par l’Italie. Angela Merkel et Emmanuel Macron ont une nouvelle fois appelé à une réponse européenne coordonnée et non à des initiatives unilatérales, une allusion à l’« axe » annoncé la semaine dernière par les ministres italien, autrichien et
allemand de l’Intérieur.