À la veille des élections présidentielle et législatives en Turquie, notre reporter est partie à la rencontre des opposants turcs, peu audibles dans les médias officiels. Depuis le coup d’État avorté de 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan, des milliers d’entre eux ont fui la Turquie et se sont réfugiés en Europe. Ils croyaient pouvoir y vivre en sécurité et conserver leur liberté de parole, mais ils sont contraints de se cacher, dans la peur d’être arrêtés.
En Turquie, au lendemain de la tentative de coup d’État de juillet de 2016, les arrestations et les purges massives ont poussé les opposants gulénistes, les militants pro-kurdes et certains journalistes d’opposition à se réfugier à l’étranger, et notamment en Grèce, dans les Balkans ou encore en Allemagne. En 2017, plus de 14 000 Turcs ont ainsi demandé l’asile en Europe, dont plus de la moitié en Allemagne. C’est 250 % de plus qu’avant la tentative de coup d’État.
Malgré cet exil, leur répit est de courte durée. Services de renseignement, avis de recherches d’Interpol ou encore réseaux d’activistes pro-Erdogan : le gouvernement turc utilise tous les moyens pour les retrouver, les juger et les faire condamner. Depuis deux ans, Ankara assure ainsi avoir interpellé 80 « gulénistes » à travers 18 pays.