Neuf pays européens dont la Belgique vont s’engager lundi pour un nouveau mécanisme de coopération européenne renforcée en matière de défense, baptisé « initiative européenne d’intervention (IEI) », a annoncé la ministre française des Armées, Florence Parly, dans une interview parue en ligne dimanche soir.
« Une lettre d’intention (…) sera signée ce lundi à Luxembourg par l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas, l’Estonie, la France, le Portugal, l’Espagne et le Royaume-Uni », déclare-t-elle au quotidien Le Figaro. L’Italie, parmi les pays intéressés à l’origine mais qui vient de changer de gouvernement, « réfléchit à la possibilité de rejoindre cette initiative mais n’a pas pris de décision définitive », précise-t-elle.
L’IEI, voulue par le président français Emmanuel Macron pour faire avancer l’Europe de la défense, vise à instaurer une coopération renforcée entre les états-majors de pays européens « capables et volontaires », afin de « pouvoir réagir ensemble plus rapidement », hors du cadre de l’Otan et de l’Union européenne, souligne-t-on à Paris. Il s’agit accomplir « des travaux de planification conjoints sur des scénarios de crises potentielles pouvant menacer la sécurité européenne », détaille l’entourage de la ministre : catastrophe naturelle, intervention dans une crise, évacuation de ressortissants… « L’Europe de la Défense nécessite une culture stratégique commune », fait valoir Florence Parly dans les colonnes du Figaro.
« S’il fallait refaire une opération comme +Serval+ au Mali en 2013, nous souhaiterions pouvoir la mener à plusieurs. Or les délais et les décisions dans le cadre de l’UE sont encore beaucoup trop longs par rapport à l’urgence qui peut naître d’une situation critique dans un pays où les Européens considéreraient qu’il y a un fort enjeu pour leur sécurité », argumente-t-elle. L’IEI présente par ailleurs l’avantage de pouvoir maintenir le Royaume-Uni à bord de la défense européenne malgré le Brexit. « Il s’agit clairement d’une initiative qui permet d’associer certains Etats hors UE », souligne la ministre française. « Le Royaume-Uni s’est montré très allant car ce pays est désireux de maintenir des coopérations avec l’Europe au-delà des liens bilatéraux ».
Selon Mme Parly, l’Allemagne, réticente au départ, a finalement décidé d’adhérer à l’initiative après avoir convenu avec Paris que l’IEI maintiendrait « des liens forts » avec la Coopération Structurée Permanente (CSP), lancée en décembre dans le cadre de l’UE et qui vise à développer des capacités de défense et à investir dans des projets communs.