Un important producteur de vin israélien a fait l’objet mardi de critiques et d’appels au boycott après que son directeur général a admis discriminer ses employés d’origine éthiopienne, à la demande de juifs ultra-orthodoxes qui doutent de leur judéité.
La télévision publique a diffusé un enregistrement du directeur général de Barkan Winery Gilles Assouline affirmant qu’il devait changer de poste trois employés juifs éthiopiens afin d’éviter qu’ils aient un contact direct avec le vin.
Le responsable a expliqué qu’il ne faisait ainsi que se conformer aux exigences de la communauté Edah Haredit (littéralement « la communauté des craignants Dieu » en hébreu), qui regroupe une bonne partie des juifs ultra-orthodoxes, dont des représentants sont chargés depuis un an de vérifier que les vins de Barkan sont bien cachers, c’est à dire conformes aux règles alimentaires du judaïsme.
Selon ces règles, le vin, pour être consommable, ne doit pas être touché ou servi par des non-juifs.
En exigeant que des Israéliens d’origine éthiopienne ne puissent pas s’occuper du vin produit et qu’ils soient employés à d’autres tâches, la communauté Edah Haredit met en doute leur judéité.
Il y a plusieurs décennies, le Grand Rabbin d’Israël Ovadia Yossef avait statué que les juifs éthiopiens devaient être considérés comme juifs.
Mais la communauté Edah Haredit, qui délivre ses propres certificats cachers et ne reconnait pas l’autorité du Grand Rabbinat, a mis en place ses propres procédures de contrôle.
L’actuel Grand Rabbin pour les séfarades (juifs orientaux) Yitzhak Yossef, fils d’Ovadia Yossef, a dénoncé l’attitude de cette communauté en affirmant qu’il s’agissait d’un « pur racisme ».
« Les juifs éthiopiens sont juifs en tous points », a proclamé le Grand Rabbin dans un communiqué.
Le président Reuven Rivlin a soutenu la position du Grand Rabbin et rappelé mardi que les juifs éthiopiens ont été dans le passé « prêts à donner leur vie pour leur religion ».
« Nous devrions nous en souvenir afin d’éviter de graves erreurs comme celle qui s’est produite à Barkan », a ajouté le président.
Dans l’enregistrement diffusé par la télévision, Gilles Assouline déclare que personnellement il n’a pas de problème envers les employés éthiopiens, mais a-t-il ajouté: « les affaires sont les affaires ».
Des responsables politiques, des journalistes et amateurs de vin ont exprimé le dégoût que leur inspire cette affaire.
« Je n’achèterai rien à ceux qui humilient des juifs d’origine éthiopienne, et j’appelle la police à agir contre ceux qui violent la loi qui réprime les discriminations raciales », a affirmé le dirigeant du parti travailliste d’opposition Avi Gabbay sur son compte Twitter.