Un député sortant du principal parti d’opposition en Turquie a été écroué aujourd’hui sur la base d’accusations d’activités « terroristes », a rapporté l’agence de presse étatique Anadolu.
Eren Erdem, 31 ans, est notamment accusé « d’avoir volontairement et délibérément aidé une organisation terroriste armée sans en être membre » et a été placé en détention dans l’attente de son procès, selon Anadolu. Le député du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) sous la précédente législature a été interpellé à Ankara dans la nuit et emmené à Istanbul tôt vendredi pour être présenté à un juge.
Ce développement survient mois d’une semaine après des élections présidentielle et législatives remportées dimanche par le chef de l’Etat Recep Tayyip Erodgan. « J’ai été interpellé. Je n’en connais pas la raison. J’ai été arrêté par la police devant chez moi », avait-il tweeté dans la nuit de jeudi à vendredi.
Anadolu avait dans un premier temps fait état d’une accusation d' »appartenance à une organisation terroriste armée », mais n’y faisait plus référence après la décision du juge. Le député sortant risque entre 9 ans et demi et 22 ans d’emprisonnement lors de son procès qui doit s’ouvrir le 19 septembre.
Il est accusé d’avoir publié, lorsqu’il était à la tête du journal Karsi, des enregistrements de conversations téléphoniques qui avaient fuité en décembre 2013 dans le cadre d’un scandale de corruption visant M. Erdogan, alors Premier ministre, et ses proches. Les autorités qualifient ces fuites de « tentative de coup d’Etat » qu’elles attribuent au prédicateur Fethullah Gülen, également accusé d’avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016.
Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, M. Gülen nie toute implication. Cette incarcération « prépare le terrain au mensonge selon lequel +le CHP coopère avec le terrorisme+ », a tweeté un autre député sortant du CHP, Baris Yarkadas. « Eren Erdem faisait du journalisme. Le journalisme n’est pas un crime », a-t-il ajouté.
Lors de la campagne pour les élections législatives et présidentielles de dimanche, remportées par M. Erdogan et son parti, le chef de l’Etat a plusieurs fois accusé le CHP de soutenir le terrorisme. L’un de ses principaux arguments a été la visite en prison du candidat CHP à la présidentielle, Muharrem Ince, au candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, détenu depuis novembre 2016, accusé d’appartenir et de diriger une « organisation terroriste ».
Les autorités ont lancé de vastes purges à la suite du putsch manqué de juillet 2016, au cours desquelles plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été incarcérées. Parmi elles figurent plusieurs députés du HDP, mais aussi un autre député du CHP, Enis Berberoglu, condamné pour avoir fourni au quotidien d’opposition Cumhuriyet des informations confidentielles.