Un maire philippin dont le nom figurait sur une liste d’élus accusés par le président Rodrigo Duterte d’être mêlés au trafic de drogue a été abattu en plein jour aujourd’hui en pleine cérémonie à la mairie, a annoncé la police.
La cérémonie hebdomadaire de lever de rideau se déroulait normalement à la mairie de Tanuan, au sud de Manille, quand le maire Antonio Halili a été abattu d’une balle dans la poitrine par un tireur embusqué qui se trouvait à bonne distance.
Dans les instants qui ont suivi, les témoins terrifiés se sont mis à crier tandis que les gardes du corps du maire ouvraient le feu, selon des images vidéo du meurtre. Le tireur a réussi à s’enfuir et le décès du maire a été prononcé à l’hôpital. Le chef de la police locale Renato Mercado a déclaré à l’AFP que le meurtrier se trouvait à environ 150 mètres de sa victime. « La distance était extraordinaire. Ce n’est pas n’importe qui qui a tiré, c’est quelqu’un dont les capacités peuvent être comparées à celles d’un sniper entraîné ».
Antonio Halili avait soutenu publiquement la campagne meurtrière contre la drogue du président Duterte auquel il s’était comparé. Mais son nom était apparu sur une liste d’élus soupçonnés d’être des consommateurs, des dealers ou de protéger le trafic. Le maire avait démenti tout rapport avec la drogue mais s’était vu retirer le contrôle de ses forces de police. Depuis son arrivée au pouvoir en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière, le président philippin a lancé une guerre sans merci au trafic de drogue.
La police dit avoir tué environ 4.200 toxicomanes et trafiquants présumés. Les défenseurs des droits affirment qu’il faut multiplier ce chiffre par trois. Ce nouveau meurtre a été immédiatement condamné. « Il s’agit de toute évidence d’un nouveau cas de meurtre extrajudiciaire résultant de la soi-disant guerre contre la drogue lancée par le gouvernement », a déclaré Francis Pangilinan, un sénateur de l’opposition. « Cette image de Far West des Philippines est en train de faire hésiter les investisseurs étrangers comme philippins ». Trois autres maires figurant sur la liste ont été tués, dont l’un alors qu’il était détenu dans une cellule.