Un procureur militaire ukrainien a fait l’objet de critiques après avoir insinué dans une interview controversée que les Juifs voulaient « noyer les Slaves dans le sang », alors que des organisations s’inquiètent d’une montée de l’antisémitisme dans le pays.
Dans cette interview publiée fin juin sur le site d’informations Insider, le procureur Anatoliï Matios évoque le théoricien communiste russe Alexandre Parvus, dont les idées ont influencé Lénine et d’autres révolutionnaires au début du XXe siècle.
« Dans chaque guerre, il y aura toujours un Parvus, qui a donné de l’argent à Lénine pour la révolution qui a noyé les Slaves dans le sang pendant des décennies », a déclaré M. Matios. « Parvus était également Juif. Ici, ils veulent faire la même chose à l’Ukraine », a-t-il ajouté. M. Matios a par la suite assuré que son interview était un « test » pour voir comment les gens allaient réagir. Le centre Simon Wiesenthal, organisation de lutte contre l’antisémitisme et le racisme, a appelé au limogeage de M. Matios. « Son incitation à la haine contre les Juifs illustre la résurgence d’un antisémitisme virulent dans l’Ukraine actuelle », a dénoncé l’organisation sur Twitter.
« Il est inconcevable d’imaginer un responsable européen rester en poste après de telles déclarations », a pour sa part souligné auprès de l’AFP Iosif Zissels, directeur de l’Association des organisations et communautés juives d’Ukraine. Edouard Dolinski, président du Comité chapeautant la communauté juive d’Ukraine, a de son côté regretté l’absence de réaction dans le pays après les propos du procureur. « Il s’avère que l’antisémitisme est une chose courante en Ukraine », a-t-il déploré auprès de l’AFP.
Les autorités ukrainiennes sont critiquées par les militants des droits de l’homme pour leur manque de réaction face à la montée du nationalisme dans le pays après le déclenchement du conflit avec les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine en 2014. Les groupuscules d’extrême droite, qui disposent d’une certaine influence, ont multiplié les actions coup de poing, dont ces dernières semaines des attaques visant des camps rom.