Un d’internautes irlandais proteste sur Facebook contre la visite du pape François qui doit prononcer une messe en clôture du Rassemblement mondial des familles à la fin août. Les opposants à cette visite veulent prendre des places pour l’événement, mais sans intention de s’y rendre.
L’idée est en quelque sorte de pratiquer une politique de la chaise vide. Autrement dit, protester par une absence visible dans le public. L’initiative est baptisée « Say nope to the pope », littéralement « Dites non au pape ». Elle a été lancée sur Facebook par des Irlandais très critiques de l’Eglise catholique qui veulent afficher leur défiance à son égard. Sur leur page suivie par quelque 6 000 personnes, on peut d’ailleurs lire beaucoup d’échanges liés aux scandales répétés qui ont touché l’institution ces dernières décennies.
Notamment les affaires de prêtres pédophiles, étouffées et couvertes par la hiérarchie catholique ainsi que des références aux couvents de la Madeleine, ces établissements gérés par des ecclésiastiques où des femmes marginales, des mères seules, ont été placées et ont subi de mauvais traitements au cours du XXe siècle. Autant d’histoires que beaucoup d’Irlandais ne pardonnent pas à l’Eglise. D’où cette défiance à l’égard du pape.
A priori, le risque pour le pape François de se retrouver face à un public très peu nombreux reste faible. La messe de clôture du Rassemblement mondial des familles est prévue pour accueillir 500 000 personnes. Or sur les quelques milliers d’internautes qui suivent la page « Say nope to the pope », seuls quelques-uns ont affirmé publiquement avoir pris en leur nom plusieurs centaines de tickets qu’ils veulent jeter à la poubelle.
Les autres se sont contentés de demander le maximum autorisé par personne par réservation, à savoir douze tickets. La menace d’un boycott massif semble donc peu probable. D’autant qu’au sein même du groupe Facebook, il y a de nombreuses voix discordantes. Des internautes estiment en effet légitime de vouloir manifester son hostilité au pape, mais dans la limite d’une place pour soi ou pour sa famille afin de ne pas empêcher les gens vraiment intéressés de se rendre à l’évènement.
Les internautes critiques de « Say nope to the pope » jugent le principe anti-démocratique tandis que le Premier ministre irlandais l’a qualifié de « mesquin » et de « malveillant ». Mais les partisans de la protestation s’appuient eux sur le fait que la visite papale va coûter entre 10 et 20 millions d’euros à l’Etat et qu’en tant que contribuables, ils ont le droit de disposer de ces places, qu’ils décident d’y aller ou non. De plus, ils soulignent qu’il reste encore des billets sur les 500 000 disponibles depuis une semaine.
Selon eux, c’est la preuve d’un désintérêt pour la venue du souverain pontife. D’autant que le contraste est saisissant avec la dernière visite d’un pape en Irlande. En 1979, Jean-Paul II avait rassemblé un million de fidèles dans la capitale irlandaise. L’archevêque de Dublin a lui-même affirmé que 39 ans plus tard, le pape François allait découvrir une Irlande « très différente ».