Les entreprises américaines inquiètes de l’impact de la guerre commerciale

Les entreprises américaines commencent à s’inquiéter de l’impact de la guerre commerciale sur leur santé et celle de l’économie même si l’administration Trump affirme que la croissance ne devrait pas en souffrir.

Dans une analyse publiée lundi et intitulée « la mauvaise approche » (thewrongapproach), la Chambre de commerce américaine estime à « environ 75 milliards de dollars » le montant des exportations américaines touchées jusqu’à maintenant par les mesures de rétorsion des partenaires commerciaux des Etats-Unis.

Elle cite notamment six Etats (Alabama, Michigan, Pennsylvanie, Caroline du Sud, Texas et Wisconsin) comme étant particulièrement affectés. Tous ont voté Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016.

« Les tarifs douaniers commencent à avoir un impact sur les entreprises, les ouvriers, les agriculteurs et les consommateurs américains alors que les marchés extérieurs se ferment aux produits fabriqués aux Etats-Unis et que les prix augmentent dans le pays », a affirmé Thomas Donohue, président de la Chambre, cité dans le communiqué.

« Des tarifs douaniers qui n’amènent en réponse que d’autres tarifs douaniers ne font que conduire à une guerre commerciale qui se traduira en pertes d’emplois et de croissance économique pour le pays », a-t-il ajouté.

Ces craintes commencent à se refléter dans certains indicateurs économiques.

Si l’activité manufacturière a poursuivi son expansion en juin à un bon rythme, selon l’indice des directeurs d’achats de ce secteur publié lundi par l’association professionnelle ISM, les tensions commerciales les préoccupent.

Selon l’ISM, les entreprises interrogées pour l’enquête ont « par dessus tout » fait part de leurs inquiétudes face aux mesures protectionnistes de l’administration Trump et aux représailles qu’elles déclenchent.

Ce climat complique les politiques de gestion et de prévisions et renchérit certaines matières premières. Les responsables d’entreprises envisagent –comme l’a annoncé le 25 juin le constructeur de motos Harley-Davidson– des mesures de transfert de production pour déjouer les tarifs.

Inquiétudes balayées

Les prix pour l’acier de base ont ainsi augmenté de 20% depuis mars, ont souligné certaines entreprises alors que d’autres, dans l’industrie alimentaire notamment, ont indiqué qu’elles allaient transférer une partie de la production de leurs usines américaines vers celles au Canada pour éviter les mesures de rétorsion commerciales de Pékin à l’encontre de Washington.

Mais ces inquiétudes ont été balayées lundi par le secrétaire au Commerce Wilbur Ross.

« L’investissement des entreprises est très élevé et le taux de chômage si bas qu’il y a plus d’emplois à pourvoir que de chômeurs pour la première fois dans l’histoire », a-t-il assuré lors d’un entretien à la chaine de télévision CNBC.

« Nous ne voyons aucun signe d’affaiblissement de l’économie », a-t-il ajouté, affirmant que les prévisions d’un ralentissement économique à venir aux Etats-Unis étaient « très probablement inexactes ».

Selon lui, les chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre, qui seront annoncés le 27 juillet, seront « supérieurs à 3% et (vont) peut-être même se rapprocher de 4% en rythme annuel ».

Pour M. Donohue, ces attentes optimistes pourraient être battues en brèche.

« L’administration menace de saper les progrès économiques qu’elle a mis tant d’énergie à atteindre », a-t-il mis en garde.

« Nous devons viser un commerce libre et équitable mais ce n’est pas comme cela que nous y arriverons. Il est temps de changer de cap et d’adopter des approches plus intelligentes et efficaces pour répondre aux préoccupations commerciales avec nos partenaires », a-t-il poursuivi.

Le Canada et l’Union européenne ont déjà imposé des mesures de représailles visant les produits américains après la décision de l’administration Trump de placer des tarifs de 10% et 25% sur les importations d’aluminium et d’acier.

Des tarifs américains contre des produits chinois doivent également entrer en vigueur vendredi et Pékin a déjà annoncé qu’il en imposerait en retour sur des produits américains.

L’UE a aussi mis en garde Washington lundi contre les conséquences d’éventuelles taxes américaines sur les importations de voitures de marques étrangères.

Dans une lettre aux autorités américaines, dont l’AFP s’est procuré une copie, la Commission européenne prévient les Etats-Unis que s’ils mettent à exécution leurs menaces d’imposer des taxes douanières sur les automobiles étrangères, l’économie américaine « serait la première touchée » et que l’UE déciderait de lourdes représailles.