Reporters sans Frontières (RSF) a tiré la sonnette d’alarme aujourd’hui à propos de l’état de la liberté de la presse en Inde, où sept journalistes ont été tués au cours des 18 derniers mois.
Classée 138e pays sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse en 2018 par RSF, déjà en recul de deux places par rapport à 2017, l’Inde est en chemin pour poursuivre sa chute au prochain baromètre, avertit l’organisation de défense des journalistes basée à Paris.
« En 2017, au moins trois journalistes avaient été assassinés en Inde en raison de leur activité professionnelle. Un quatrième cas est toujours en cours d’investigation. En 2018, la situation semble s’aggraver notablement. Au cours du seul premier semestre, déjà quatre journalistes ont été tués dans le pays », a déclaré RSF dans un communiqué. RSF relève aussi une « hausse significative des phénomènes de harcèlement en ligne et d’autocensure », visant notamment les « armées de trolls » – harceleurs sur internet – favorables au Premier ministre Narendra Modi et à sa formation nationaliste hindoue, le Bharatiya Janata Party (BJP).
L’ONG appelle le gouvernement indien à « diligenter des enquêtes sérieuses sur les cas de journalistes assassinés ou victimes de tentatives d’assassinats » ainsi qu’à condamner et faire la lumière sur les « campagnes de haines et de harcèlement en ligne qui visent les journalistes ». 48 reporters ont été tués en Inde depuis 1992, selon un décompte du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé aux États-Unis.
Le dernier meurtre en date dans le pays est celui de Shujaat Bukhari, rédacteur en chef réputé d’un quotidien anglophone dans la région sensible du Cachemire, le 14 juin. Des hommes armés l’ont abattu avec deux de ses gardes du corps à sa sortie de bureau.