Entre principes et réalpolitik, le nouveau premier ministre Nikol Pachinian, qui est arrivé au pouvoir le 8 mois en se réclamant des premiers, devra trancher, au risque de se rendre impopulaire.
Les tensions autour de la mine d’or d’Amulsar, au sud du pays, dont les riverains souhaitent l’arrêt des activités en raison des dommages causés à l’environnement, donnent un nouvel exemple des difficultés auxquelles doit faire face le nouveau dirigeant, qui doit prendre en compte les arguments économiques liés à ce gisement aurifère dont les employés ont défendu l’activité, en manifestant à Erevan. Lundi 2 juillet, plus de 200 employés arméniens de cette compagnie minière américaine ont manifesté dans la capitale arménienne pour dénoncer le blocus imposé à leur mine depuis dix jours par les collectifs d’habitants de la rérgion opposés à son exploitation.
La compagnie Lydian International, qui a obtenu du précédent gouvernement les droits d’exploitation exclusifs de ce riche gisement situé au sud du lac Sevan, a fait savoir que ces opérations de blocage avaient d’ores et déjà causé des préjudices de plusieurs millions de dollars et qu’elle pourrait prendre des dispositions légales si ces actions hostiles venaient à menacer la survie de l’un des plus importants investissements que l’économie arménienne ait jamais attiré. Toutes les routes conduisant à Amulsar sont bloquées depuis le 23 juin par un groupe d’habitants des communes voisines qui protestent contre les projets de développement du site minier.
La mine emploie plus de 1 400 personnes, pour la plupart originaires de la région, qui n’ont pu de ce fait se rendre sur leur lieu de travail. Les opposants au projet avaient déjà bloqué le site plusieurs jours durant fin mai et début juin, et le mouvement ne s’était arrêté qu’après les appels au calme de N. Pachinian. Le premier ministre avait fait savoir qu’il allait charger le gouvernement de mener des inspections dans “toutes les mines” du pays afin d’en vérifier la conformité aux normes environnementales et si nécessaire, de prendre des mesures en ce sens. N.Pachinian a une nouvelle critiqué les actions de blocage des route par les opposants à la mine le 25 juin, en haussant le ton et en faisant comprendre que cela pourrait être considéré comme un acte de “sabotage” contre le nouveau gouvernement arménien. Il avait ajouté que Lydian devrait pouvoir reprendre les travaux d’exploitation de la mine jusqu’à ce que la commission d’inspection qui doit être dépêchée bientôt sur le site, effectue son enquête et rendre ses conclusions.
Mais les opposants sont restés sourds à ce nouvel appel et exigent que Lydian arête immédiatement la construction des infrastructures minières prévues par le projet et qui devaient être prêtes cet automne. Dimanche 1er juillet, N. Pachinian a indiqué que toutes les décisions du gouvernement concernant Amulsar devaient être basées sur des “faits irréfutablee”. Il n’a toutefois pas precise s’il entendait demander à la police de débloquer les routes par la force. Les employés de Lydian, conduits pas une délégation représentant la direction du groupe minier en Arménie, se sont rendus devant les bureaux du premier ministre à Erevan le lendemain, réclamant des mesures urgentes du gouvernement contre ce qu’ils considèrent comme une obstruction illégale des activités de leur compagnie. S’il est dans le colimateur des écologistes arméniens, le projet minier a le soutien des gouvernements américain et britannique. L’ambassadeur américain à Erevan Richard Mills avait affirmé, dans une déclaration publique fin 2017, qu’il était en parfaite conformité avec les normes environnementales telles que définies par la Banque mondiale et la BERD, qui détient d’ailleurs une part dans la Lydian.