Des dizaines de miliers d’utilisateurs de réseaux sociaux du Vietnam se sont inscrits sur une plateforme dédiée à la « liberté d’expression » après l’adoption d’une loi sur la cybersécurité qui verrouille internet, ont déclaré le site et des militants à l’AFP.
Le texte draconien qui entrera en vigueur en janvier prochain, oblige les plateformes du web à retirer sous 24 heures tous les commentaires considérés comme une menace à la « sécurité nationale ».
Elles seront également dans l’obligation de stocker les informations personnelles et les données des utilisateurs. La loi fait scandale parmi les militants et autres bloggers. Le Vietnam n’a pas de médias indépendants et ils considèrent le géant Facebook comme une bouée de secours. Le premier réseau social mondial compte 53 millions d’utilisateurs au Vietnam pour une population de 93 millions d’habitants. Beaucoup se tournent à présent vers Minds, une plateforme open-source américaine qui se présente comme un site sûr et fait la promotion de la liberté d’expression, craignant que Facebook ne se conforme aux nouvelles règles.
Bill Ottman, son fondateur et pdg, a déclaré à l’AFP que 100.000 nouveaux utilisateurs actifs s’étaient enregistrés sur le site en moins d’une semaine, dont beaucoup évoquent l’actualité et les événements politique. « Cette nouvelle loi sur la cybersécurité fait peur à beaucoup de gens et avec raison », a-t-il dit depuis le Connecticut.
« Il est effrayant de penser que non seulement on peut être censuré mais qu’en plus, nos conversations privées peuvent être données à un gouvernement pour un usage qu’on ignore ». Les utilisateurs du Vietnam représentent désormais près de 10% des 1,1 million de personnes inscrites sur Minds. Ils ne sont pas contraints de livrer leurs données personnelles et toutes les discussions sur le site sont encryptées.
« Nous voulons conserver notre voix indépendante et aussi signifier à Facebook qu’on n’acceptera aucune censure », a déclaré à l’AFP depuis Taïwan Tran Vi, éditeur du site The Vietnamese, qui est bloqué au Vietnam. Certains militants expliquent avoir migré après le retrait de contenus ou avoir été la cible d’abus en ligne de la part des partisans du gouvernement.
Facebook a expliqué à l’AFP être en train de passer la loi sous revue, ajoutant qu’il évalue les demandes du gouvernement et résiste quand c’est possible. Google s’est refusé à tout commentaire sur la nouvelle loi.