Jeune tué par un policier: « transparence » exigée après une nuit de violences à Nantes

Le Premier ministre Édouard Philippe a exigé jeudi « la plus grande transparence » sur les circonstances de la mort mardi soir d’un jeune de 22 ans lors d’un contrôle policier à Nantes, après une nouvelle nuit de violence dans plusieurs quartiers de la ville.

En déplacement à Nantes, le Premier ministre Édouard Philippe a exprimé sa « condamnation la plus ferme » des violences, en précisant que 19 interpellations avaient eu lieu la nuit dernière et que 11 gardes à vue étaient en cours.

« Nous serons évidemment exigeants (…) pour que toute la lumière soit faite dans la plus grande transparence sur les circonstances » dans lesquelles le jeune homme est mort, a-t-il ajouté.

A ses côtés, la maire (PS) de Nantes Johanna Rolland a elle aussi appelé à « la plus totale des transparences » pour permettre « à la vérité de pouvoir s’exprimer ».

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a lui assuré depuis Marseille que le gouvernement ferait « tout pour apaiser la situation dans la ville et le quartier: c’est notre devoir de restaurer la tranquillité à Nantes, comme nous souhaitons le faire dans tout le pays ».

Quatre mineurs figurent parmi les personnes interpellées. La plupart ont été arrêtées dans le quartier du Breil où a été tué le jeune homme originaire de Garges-lès-Gonesse (Val d’Oise).

Après un début de soirée relativement calme mercredi à Nantes, des véhicules ont à nouveau été incendiés dans les quartiers dits « sensibles » du Breil, de Bellevue, des Dervallières et de Malakoff. Jusqu’à 05H00 du matin, les forces de l’ordre ont fait face « à quelques petits groupes ».

Sept bâtiments publics ont été incendiés, dont une bibliothèque, une maison de quartier, une mairie annexe ou une crèche, et une dizaine de commerces. Une pharmacie a notamment été détruite aux Dervallières et plus d’une quarantaine de véhicules ont brûlé.

Une voiture a aussi été dégradée par un cocktail Molotov dans la cour du commissariat de Saint-Herblain, dans la banlieue de Nantes. Enfin un CRS a été blessé à la main et un impact a été relevé sur le casque d’un policier départemental, qui pourrait être dû à un tir de 22 Long Rifle, mais ce policier n’a pas été blessé.

A Garges-lès-Gonesse, des policiers ont été la cible de projectiles et de cocktails Molotov dans la nuit et des poubelles ont été incendiées. Une personne a été interpellée. Dans la soirée, une marche avait rassemblé environ 200 personnes jusqu’au commissariat de Sarcelles, la commune voisine.

Marche blanche

Jeudi matin, les pompiers étaient toujours à l??uvre dans le quartier nantais des Dervallières sous le regard des habitants.

« Ça fait mal, c?est trop, c?est trop je ne comprends pas », lâchait Yamina, la propriétaire du kebab « Délice marocain », choquée en découvrant son commerce et sa voiture brûlés.

« Trente ans que j?habite dans le quartier, nos jeunes, on arrive plus à les tenir », déplorait son frère, Mustapha.

« On brûle nos quartiers, on est déjà pauvres. On peut s’exprimer d’une autre manière que la violence », affirmait une habitante du quartier avant de demander: « Il est où le Premier ministre? »

Le quartier était partagé entre colère envers les jeunes après les destructions et envers la police qui n’est « jamais là ».

Les proches du jeune homme tué mardi soir ont appelé au calme mercredi soir par la voix de leur avocat, avant une marche blanche prévue jeudi à 18H00 dans le quartier du Breil.

Cette marche partira du 68 rue des Plantes où s’est déroulé le contrôle.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt pour « vol en bande organisée, recel et association de malfaiteurs », le jeune conducteur a tenté de s’enfuir en effectuant une marche arrière, selon le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès.

Un policier a fait feu une seule fois, l’atteignant au cou. Selon des sources proches de l’enquête, le conducteur aurait tenté de « prendre la fuite en reculant sur un fonctionnaire de police », ce que n’a pas confirmé le procureur en refusant de répondre à toute question.

L’avocat des proches de la victime devrait prendre la parole à l’issue de la marche blanche pour évoquer le fond du dossier.