L’ancien Ministre de la Défense accusé dans le cadre de l’enquête sur les troubles de 2008

Mardi, l’ancien Ministre de la Défense, Mikael Harutiunian, a été arrêté suite aux violentes répressions des manifestations anti-gouvernementales qui ont eu lieu en 2008 à Erevan, en réponse à une élection présidentielle contestée.

Le Service d’Enquête Spécial (SES) a accusé Harutiunian d’avoir utilisé illégalement les forces armées contre des manifestants pacifiques, ce qui équivalait à un « renversement de l’ordre constitutionnel ». La passation de pouvoir du Président sortant Robert Kocharian à Serge Sarkissian avait été entachée « d’irrégularités à grande échelle ».

La décision du SES a marqué une tournure dans la longue enquête criminelle sur les troubles post-électoraux, qui ont causé la mort de huit manifestants et de deux policiers. Ils sont décédés alors que les forces de sécurité tentaient de disperser les partisans du principal candidat de l’opposition, Levon Ter-Petrosian, qui demandaient un nouveau vote.

Kocharian a déclaré l’État d’Urgence et a ordonné l’entrée de l’armée arménienne dans Erevan le 1er mars 2008, au milieu d’affrontements violents entre les forces de l’ordre et certains manifestants. Ter-Petrosian a exhorté ses partisans à se disperser quelques heures plus tard. Des dizaines de ses alliés, y compris l’actuel Premier Ministre arménien Nikol Pachinian, ont ensuite été emprisonnés.

Kotcharian et ses alliés ont défendu l’utilisation d’une force qui s’est révélée meurtrière, en affirmant que cela a évité une prise de pouvoir violente par l’opposition menée par Ter-Petrosian. Ce dernier insiste cependant sur le fait que Kotcharian et Sarkissian eux-mêmes ont usurpé le pouvoir en truquant l’élection.

Le SES a pendant des années déclaré continuer à enquêter sur l’effusion de sang et, en particulier, chercher à identifier les personnes directement responsables des dix décès. Pachinian a ordonné à l’agence de résoudre la question de la responsabilité des massacres lorsqu’il a présenté son nouveau chef, Sasun Khachatrian.

Dans un communiqué détaillé publié mardi, le SES a déclaré que les manifestations de 2008 étaient une réponse populaire légitime à la fraude électorale grave qui, selon lui, était largement « attribuée » aux partisans de Kotcharian et de Sarkissian. Il a déclaré que le 23 février 2008, le Ministre de la Défense, Harutiunian, avait secrètement et illégalement ordonné à l’armée arménienne d’aider les autorités à faire respecter les résultats officiels du vote.

Les unités militaires ont commencé à s’installer à Erevan dans les jours qui ont suivi cet ordre et ont participé à la répression du 1 et 2 mars 2008. La déclaration précise que cette « loi martiale de facto » violait les dispositions constitutionnelles garantissant la neutralité politique des forces armées arméniennes.

« Un certain nombre de hauts fonctionnaires des autorités de l’époque, y compris le Ministre de la Défense, Mikael Harutiunian, ont mené des actions visant à renverser violemment l’ordre constitutionnel en Arménie », peut-on lire dans la déclaration.

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