Les milieux économiques s’inquiétaient du retard pris dans les négociations sur les futures relations avec l’UE.
Il était temps. A neuf mois de la date du Brexit, Theresa May a annoncé vendredi que son gouvernement était parvenu à une « position commune » en faveur de la création d’une « zone de libre échange » entre le Royaume-Uni et l’UE. La Première ministre britannique a donc opté pour le maintien dans le Marché unique pour les biens industriels et les produits agricoles. Ce faisant, elle renonce au Brexit dur cher à plusieurs membres de son cabinet. Reste à savoir si les 27 accepterons les propositions de Theresa May.
Elle avait convoqué ses ministres dans sa résidence de Chequers, vendredi, afin de tenter de surmonter les divisions explosives que suscite la sortie prévue du Royaume-Uni de l’Union européenne au sein de son gouvernement.
Est-ce la récente fronde du milieu des affaires qui l’a convaincue? La liste des entreprises menaçant de réduire leurs investissements en Grande-Bretagne s’était allongée ces derniers jours. Après Airbus, BMW, ou Siemens, Ralf Speth, patron du constructeur automobile Jaguar Land Rover (JLR), filiale de l’Indien Tata, avait agité, jeudi, le spectre de fermeture d’usines en cas de Brexit dur.
Tous ces industriels reprochaient au gouvernement conservateur le retard pris dans les négociations avec Bruxelles sur les futures relations commerciales avec l’UE. Le flou sur l’après-Brexit a déjà entraîné la division par deux des investissements dans le secteur automobile au premier semestre. « Pour les entreprises internationales qui prennent des décisions d’investissement allant bien au-delà du Brexit, cette situation est dommageable », se lamentait déjà le patron d’Airbus en avril dernier.
L’inquiétude ne concernait pas seulement les grands groupes. « A moins de neuf mois de la date du Brexit, nous n’avons guère plus avancé qu’au lendemain du référendum sur les réponses dont les entreprises ont besoin », a tancé mercredi le patron des Chambres de commerces. Les autorités britanniques n’ont éclairci que deux des 24 points pratiques concernant les entreprises en vue du divorce : l’emploi des Européens au Royaume-Uni après le Brexit et les standards industriels à respecter.
« Ne jouez pas à la roulette russe avec les emplois »
La menace sur les investissements était de taille. JLR emploie quelque 40 000 personnes dans le royaume, Airbus et Siemens 15 000 chacun, BMW 8000. Mastodontes auxquels s’ajoutent les sous-traitants qui ne manqueraient pas d’être impactés en cas de réduction de la voilure des grands groupes. Face aux tergiversations des Brexiters, le constructeur automobile avait trouvé un allié inhabituel, le principal syndicat du pays, Unite. « Vous n’avez pas le droit de jouer à la roulette russe avec nos emplois », a tonné son secrétaire général, Len McCluskey.
Quant aux PME britanniques qui se plaignaient il y n’y a pas si longtemps de la complexité des normes européennes, elles promettent depuis quelque temps de continuer à les respecter, constatait le Financial Times, cette semaine, de crainte de perdre l’accès au marché européen. Plusieurs d’entre elles avaient prévu de créer des filiales en Irlande ou sur le continent afin de s’assurer que leurs produits continueront de bénéficier de la certification européenne.