Roumanie: le président destitue la procureure anti-corruption

Le président roumain, Klaus Iohannis, a signé aujourd’hui un décret relevant de ses fonctions la procureure Laura Codruta Kovesi, qui dirigeait l’Agence anti-corruption DNA depuis 2013.

Cette destitution fait suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle qui, estiment ses détracteurs, rend les procureurs vulnérables aux ingérences de la classe politique.

« Les arrêts de la Cour constitutionnelle doivent être respectés dans un pays qui respecte l’Etat de droit. Le président a promulgué le décret relevant de ses fonctions la procureure en chef », a annoncé la porte-parole de la présidence, Madalina Dobrovolschi. Durant les cinq années où Kovesi a dirigé le DNA, le nombre de condamnations pour corruption a fortement augmenté, ce qui a valu les éloges de Bruxelles, attentif à l’évolution du système judiciaire roumain, et qui considère la Roumanie et la Bulgarie, comme les pays les plus corrompus de l’Union européenne.

Le président Iohannis, a dit la porte-parole, « a rappelé que quel que soit le nom du futur procureur en chef anti-corruption, le DNA est tenu de poursuivre sa mission de façon professionnelle, aux plus hauts niveaux de performance ». Le ministre de la Justice, Tudorel Toader, avait réclamé en février la destitution de Kovesi, en estimant qu’elle outrepassait son autorité et nuisait à l’image de la Roumanie à l’étranger. Son appel avait conduit des milliers de manifestants anti-corruption à protester contre ses déclarations.

Le président Ioahnnis avait alors rejeté la demande de Tudorel Toader, ce qui avait conduit le gouvernement, qui n’est pas du même bord politique que le chef de l’Etat, à se tourner vers la Cour constitutionnelle, afin de dire si le rejet par Iohannis de la demande de destitution de Kovesi avait créé un conflit institutionnel. Le 30 mai, la Cour constitutionnelle a estimé que le chef de l’Etat n’avait pas, constitutionnellement parlant, le droit de s’opposer à une demande de destitution faite en toute légalité par le ministre de la Justice. Il doit se borner à évaluer la légalité de la procédure, a estimé la cour.