Lutte contre le terrorisme : le sénat pointe des «insuffisances»

Trois jours avant la présentation d’un nouveau plan de lutte contre le terrorisme par Matignon, un rapport du Sénat s’inquiète des « réelles insuffisances » dans le traitement de la menace intérieure et cible tout particulièrement le « danger » du salafisme.

Pilotée par les sénateurs Bernard Cazeau (LREM) et Sylvie Goy-Chavent (Union centriste), la commission d’enquête brosse le tableau d’une menace terroriste devenue essentiellement intérieure. Un constat partagé de longue date par les pouvoirs publics et l’exécutif et encore rappelé hier, par le chef de l’Etat devant le Congrès de Versailles lorsqu’il a fustigé un « terrorisme islamiste » « qui se love dans nos sociétés elles-mêmes ».

Des moyens renforcés, une politique pénale repensée, des services de renseignement « extrêmement mobilisés »: si la commission d’enquête sénatoriale sur « l’organisation et les moyens des services de l’Etat pour faire face à l’évolution de la menace terroriste après la chute de l’Etat islamique », adresse d’abord un bon point aux chantiers mis en oeuvre par les pouvoirs publics depuis 2015, c’est pour tout aussi rapidement faire part de « fortes inquiétudes pour l’avenir » face à l’évolution de la menace. « Tâtonnements » de l’administration pénitentiaire dans la prise en charge des détenus radicalisés, lutte contre la propagande islamiste sur internet et les réseaux sociaux « pas à la hauteur des enjeux », « limites des plans gouvernementaux de prévention », la commission formule 63 propositions relevant de domaines très divers, de l’éducation au pénal en passant par le renseignement ou la coopération extérieure.

« Enracinement » 

Parmi elles: encourager l’expulsion des fichés S (pour sureté de l’Etat) radicalisés de nationalité étrangère, suivi à long terme des mineurs +returnees+, création des pôles de lutte contre l’islam radical dans chaque département, application aux détenus pour terrorisme binationaux de la déchéance de nationalité. Surtout les sénateurs adressent une violente charge contre « l’enracinement du salafisme en France » qui selon les estimations rapportées par la commission, réunirait de 40 à 60.000 adeptes de ce courant rigoriste de l’islam. Selon eux, il « constitue le terreau idéologique du djihadisme dans un contexte propice au terrorisme inspiré ».