L’institut ‘’Respect’’, fondé en Pennsylvanie (Etats-Unis) par l’organisation terroriste de Fetullah Gulen (FETO) forme des « imams », en coopération avec l’une des plus anciennes facultés américaines de théologie, la Moravian Theological Seminary.
Dirigé par Suleyman Eris, membre en cavale de FETO, l’Institut indique, sur son site internet, que leur objectif est de réaliser des recherches académiques afin de répondre à la variabilité et aux défis de la vie sociale aux États-Unis.
Il est également précisé que l’une des missions de l’Institut est de former des « chapelains ».
– Des imams aux revenus annuels de 45 à 70 mille dollars américains
Le terme « chapelain », qui provient de la théologie chrétienne, signifie « prêtre-prêcheur ». Ce terme est souvent utilisé pour désigner les différents religieux intervenant dans les institutions telles que les prisons, les hôpitaux, les universités et les commissariats.
L’expression de « chapelain musulman » est entrée dans la littérature américaine dans les années 1960, au cours de la lutte pour les droits civils menée par Malcolm X, l’un des plus importants leaders musulmans.
C’est en 1993 après la guerre du Golfe, que pour la première fois, un clerc musulman est engagé dans l’armée américaine. Depuis lors, l’accroissement de la population musulmane dans le pays a mis en exergue le besoin de religieux musulmans dans ce domaine.
Bien que la situation change en fonction des États, les annonces sur internet, montrent que le salaire annuel d’un clerc varie entre 45 et 70 mille dollars.
Sur le site de l’Institut ‘’Respect’’, il est précisé que le fugitif Suleyman Eris a pris part à la mise en place du « Réseau de progression des chapelains musulmans » (MCAN-Muslim Chaplaincy Advancement Network).
– Des questions sans réponses
Hormis Eris, se trouvent uniquement cinq membres, dont un Turc et deux chrétiens, au sein du cadre d’enseignement de l’Institut.
En plus des travaux islamiques, des cours relatifs au dialogue inter-religieux sont inscrits dans le programme de l’Institut.
L’individu chargé de la réalisation des inscriptions au sein de l’Institut, et qui souhaite garder l’anonymat, a refusé de répondre aux questions de l’Agence Anadolu (AA) concernant les aides financières provenant de Turquie ainsi que celles concernant le putsch raté de FETO du 15 juillet 2016.
– Un prêtre chrétien, directeur adjoint
L’institut est en étroite collaboration avec l’une des plus anciennes facultés américaines de théologie, Moravian Theological Seminary (1972).
Les deux institutions, qui réalisent des travaux communs depuis maintenant dix ans, ont dernièrement réalisé une série de programmes relatifs au thème « Sexualité, foi et respect: l’approche actuelle à la relation entre les sexes » abordés sous l’intitulé « Chrétiens et musulmans s’expriment ensemble » (11 avril-9 mai).
Walter Wagner, professeur à Moravian et expert dans le domaine des relations inter-religieuses, est, quant à lui, directeur adjoint de l’Institut FETO.
La vidéo de présentation de l’Institut, qui figure sur le site, met en avant également les travaux de Rhubie Ghazal, professeur à Moravian et du pasteur, Nelson Quinones.
– Le nom de l’Institut choisi par Gulen
Le 31 août 2015, à l’occasion de la cérémonie d’inauguration de l’Institut, Eris avait souligné la contribution de Gulen à l’institut.
Il avait ajouté que c’était Gulen lui-même qui avait choisi le nom de l’institut.
Lors des discours tenus pendant la cérémonie, le docteur Frank Crouch, professeur à Moravian et Patricia Robinson, professeur et membre du Conseil d’administration de l’école théologique luthérienne de Philadelphie, avaient tous deux mis l’accent sur le travail commun entre les institutions.
– Le terme « Respect » évoqué dans les procès de FETO
Figurant en tête de la liste des institutions utilisées par FETO dans le cadre des transferts d’argent de la Turquie vers les Etats-Unis, l’institut ‘’Respect’’ est également évoqué dans les actes d’accusation des procès relatifs à FETO.
C’est notamment le cas dans les procès pris en charge par la 4ème Cour d’assises à Ankara où il est question du financement de FETO et dans la 2ème Cour d’assises de Bakirkoy (Istanbul, Nord-Ouest) où il est question de transferts d’argent.
Entre 2013 et 2014, 601 848 dollars ont été transférés vers les institutions « Gulenistes » par le biais de la banque « Asya », précise l’acte d’accusation relatif au financement de l’organisation.
Dans l’acte il est indiqué que Suleyman Eris agit en tant que président et directeur de haut niveau, Ehat Ercanli en tant que chef du département, Halil Calis, doyen des professeurs, Steve (Sezai) Sablak en tant que Vice-Président, Mehmet Ozbilgin en tant que trésorier et Mustafa Sahin, doyen des étudiants.
– Deux millions de dollars transférés
Suite à l’instruction, lancée sur dénonciation du bureau turc d’investigation des crimes financiers (MASAK), il a été établi que plus de deux millions de dollars ont été transférés depuis la Turquie courant 2013-2014 et ce, par 147 individus à travers 171 transactions effectuées pour le compte de « Gulenist The Respect Institute Inc ».
Selon l’acte d’accusation, de temps à autre, une partie de ces fonds seraient par la suite remise aux candidats qui se présentent au Congrès américain.
Indiquant que la grande majorité des transferts ont été réalisés via la « Banque Asya », l’acte précise également que 69 transferts ont été réalisés d’Istanbul, 40 d’Ankara (Centre), 27 de Gaziantep (Est) et 11 de Kahramanmaras (Est).
Par ailleurs, l’acte souligne que les transferts ont considérablement augmenté au cours des élections américaines pour se concentrer sur la période du 24 au 28 mars 2014. Lors de ladite période, 110 personnes ont effectué des transferts pour un montant total de 907 221 dollars.
Afin de ne pas attirer l’attention, ces derniers ont contourné le système de contrôle en effectuant des transferts de 9 999 dollars soit sous la limite des 10 000 dollars.
Selon l’acte, l’ensemble des individus concernés par les transferts sont accusés d’être « membre d’un groupe terroriste armé » et de « violation de la loi relative à la prévision du financement des groupes terroristes ».
Courant février 2018, parmi les 46 suspects, quatre ont été condamnés à six ans et trois mois d’emprisonnement pour « adhésion aux groupes terroristes armés » et 29 ont été condamnés à quatre ans et deux mois d’emprisonnement pour « financement du terrorisme ».
Les dossiers de douze fugitifs dont Suleyman Eris, Sezai Sablak, Mehmet Ozbilgin, Ehat Ercanlı ve Halim Calis ont, pour le moment, été mis de côté.
– Sablak alias « Steve »
Accusé d’être « membre d’un groupe terroriste armé » et de violation de la loi relative à la prévention du financement du terrorisme, Sablak, alias « Steve », figure parmi les dirigeants de haut niveau de FETO.
Selon l’acte d’accusation plusieurs liens ont été établis entre ses lieux de travail et FETO.
Sablak est avant tout désigné comme le président de la « Golden Generation culte and Retreat Center » (GGWRC), association à but non lucratif située dans la ville de Saylorsburg en Pennsylvanie depuis 1999.
Également vice-président du camp FETO, selon les documents présentés au département fiscal des États-Unis, le nom de Sablak est aussi mentionné dans les entreprises opérant dans différentes branches d’activités, dont l’informatique et les technologies de surveillance.
L’acte attire l’attention sur les liens entre les numéros de téléphone utilisés par certaines des entreprises de Sablak identiques aux numéros de l’association Golden.
Sablak, actuellement fugitif, habite aux États-Unis dans une maison de luxe d’une valeur de 300 mille dollars.
D’autre part, ce dernier a effectué à différentes reprises des dons à Hillary Clinton ainsi qu’à Bob Casey (Parti démocrate).
Sablak dont la photo figure, en compagnie de son épouse « Mary » (de son vrai nom Mukaddes), sur le site de l’Institut, utilise le prénom Steve.
Courant 2008 ce dernier, présenté sous le nom de Steve Sablak, avait fait une déclaration sur une chaîne locale au sujet de l’ouverture d’une école privée.
Certains membres de FETO ont obtenu des passeports américains et adoptés des noms américains afin de poursuivre plus aisément leurs travaux, conformément aux directives de Gulen.