Trump forcé de reculer sur la détention des enfants migrants

Face au tollé soulevé par les séparations de familles, le gouvernement américain souhaitait détenir ensemble parents et enfants migrants, pour une durée indéfinie. Cette solution a été rejetée par une juge fédérale, infligeant un nouveau revers au président Trump.

Pas de prison pour les enfants migrants” : c’est le titre de l’éditorial duLos Angeles Timesce 11 juillet. Le quotidien se félicite du revers essuyé par le gouvernement Trump sur la question très polémique des enfants arrêtés sans papiers à la frontière.

“Montrant à nouveau combien le président Trump a avancé de façon imprudente sur l’immigration, une juge fédérale a statué hier que non, le président ne peut pas annuler un accord passé il y a vingt ans destiné à éviter que des enfants ne soient détenus indéfiniment dans des prisons pour immigrés.”

Le gouvernement, explique le quotidien, avait demandé à la juge Dolly Gee, de la cour de district de Los Angeles, de modifier le “règlement Flores”, un accord à l’amiable conclu en 1997 interdisant à l’État fédéral de maintenir des enfants sans papiers en centre de détention pour une longue durée (vingt jours en pratique) avec ou sans leurs parents. Le 9 juillet, la juge a rejeté ce qu’elle a qualifié de “tentative cynique” de faire porter aux juges la responsabilité d’une initiative “mal avisée” du pouvoir exécutif.

En effet, rappelle le Los Angeles Times, c’est le gouvernement qui a décidé en mai d’engager des poursuites pénales à l’encontre de tous les adultes entrant illégalement sur le territoire américain, de les mettre en prison le temps que leur cas soit examiné et de les séparer de leurs enfants – dans le but avoué de décourager les migrants potentiels. Face au tollé provoqué par ces séparations, le gouvernement “a adopté à la va-vite un plan pour enfermer les familles ensemble – d’où le besoin de modifier le règlement Flores”.

Cette option, qui soulevait d’énormes questions, est désormais compromise. L’exécutif en a pris acte : des responsables du gouvernement Trump ont fait savoir que les parents d’enfants de moins de 5 ans seront désormais pour une large part libérés avec des bracelets de surveillance à la cheville, rapporte le Los Angeles Times dans son édition du 11 juillet. Quant aux parents d’enfants plus âgés, leur sort n’est pas précisé.

En parallèle, le gouvernement s’efforce de réunir les familles qui avaient été précédemment séparées – avec plus ou moins de succès. Alors que les autorités avaient jusqu’au 10 juillet pour faire en sorte que tous les enfants de moins de 5 ans retrouvent leurs parents, seuls 38 enfants de cet âge sur 102 se trouveraient aujourd’hui avec leurs parents. Une mère raconte au New York Times que son fils de 3 ans ne l’a pas reconnue après plusieurs mois de séparation.

“Combien de jugements faudra-t-il ? s’interroge le Los Angeles Times à la fin de son éditorial. Quand ce gouvernement reconnaîtra-t-il que les États-Unis ne peuvent pas réparer un système d’immigration qui ne fonctionne plus avec des mesures punitives et cruelles ?”