Le président américain Donald Trump a clamé jeudi avoir remporté une grande victoire sur le partage des charges et des dépenses militaires au cours du sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), alors même que les informations émanant du siège de l’OTAN à Bruxelles tendaient plutôt à suggérer un sommet chaotique et troublé.
Jeudi, avant de quitter Bruxelles pour se rendre au Royaume-Uni, M. Trump a déclaré que l’engagement des Etats-Unis envers l’alliance transatlantique était « très fort », et a décrit ce sommet de deux jours comme un sommet « fantastique » caractérisé par « un grand esprit collégial ».
« L’OTAN est beaucoup plus forte maintenant qu’elle ne l’était il y a deux jours », a ainsi affirmé M. Trump.
Jeudi matin, le deuxième jour du sommet, le président américain serait pourtant arrivé en retard à une session à huis-clos, et aurait interrompu une discussion avec les présidents d’Ukraine et de Géorgie au sujet de leur accession à l’OTAN, en se mettant à critiquer les alliés pour l’insuffisance de leurs budgets de défense. Les présidents ukrainien et géorgien ont dû prendre congé, le partage des charges étant un sujet de discussion strictement interne à l’OTAN.
M. Trump aurait notamment suggéré de « graves conséquences » si les alliés n’atteignaient pas rapidement leur objectif de consacrer 2% de leur PIB à la défense, affirmant que les Etats-Unis pourraient « faire cavalier seul » si ses demandes n’étaient pas satisfaites.
Les attaques de M. Trump ont commencé dès mercredi, lors d’un petit-déjeuner de travail avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, au cours duquel M. Trump a accusé l’Allemagne d’être contrôlée par la Russie. « L’Allemagne est totalement contrôlée par la Russie, parce qu’elle recevra 60-70% de son énergie de la Russie grâce à un nouveau gazoduc », a déclaré mercredi matin M. Trump à la presse.
Si les chiffres publiés par l’Union européenne (UE) montrent que la Russie compte en effet pour 50 à 75% des importations de gaz de l’Allemagne, le gaz représente en réalité moins de 20% des sources énergétiques de l’Allemagne.
La chancelière allemande Angela Merkel a rejeté ces allégations, mais a eu plus de mal à contrer les critiques de M. Trump sur le fait que l’Allemagne et plusieurs autres alliés n’avaient pas atteint l’objectif de 2% de leur PIB consacrés la défense.
Selon les chiffres de l’OTAN, seuls cinq des 29 alliés ont atteint cet objectif cette année : l’Estonie, la Grèce, la Lettonie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
M. Trump a ensuite déclaré à la presse que les alliés avaient accepté de parvenir à l’objectif des 2% plus rapidement que prévu, et que leur engagement financier allait augmenter dans le futur. Mercredi, il a appelé les alliés à doubler leur budget de défense, en y consacrant 4% de leur PIB.
Le président français Emmanuel Macron a cependant démenti qu’un quelconque engagement ait été pris dans ce domaine, et a indiqué à la presse qu’un communiqué « très détaillé » avait été publié la veille, confirmant que leur objectif était de 2% de leur PIB d’ici 2024.
Donald Trump vient d’arriver au Royaume-Uni pour une visite très attendue, qui devrait entraîner d’importantes manifestations. Il doit ensuite tenir son premier sommet avec le président russe Vladimir Poutine, le 16 juillet à Helsinki, en Finlande.