Après son altercation dans un bar parisien, l’ancien secrétaire d’Etat de François Hollande, Jean-Vincent Placé, passait au tribunal le 11 juillet pour répondre des accusations à son encontre.
Le procureur a requis six mois de prison avec sursis.
Au tribunal correctionnel de Paris, le 11 juillet, le procureur a requis six mois de prison avec sursis assortis de deux ans de mise à l’épreuve et d’une amende de 1 000 euros contre l’ancien sénateur écologiste, Jean-Vincent Placé. Il sera jugé en septembre pour «outrage sur personne dépositaire de l’autorité public, injure à caractère racial et violence».
Lors d’une soirée arrosée très médiatisée au début du mois d’avril, l’ancien secrétaire d’Etat de François Hollande avait eu maille à partir avec le videur d’un bar du VIe arrondissement de Paris, une jeune femme, puis les forces de l’ordre. Dans la bataille, il aurait également proféré des insultes à caractère racial.
Selon les informations de 20 Minutes, Jean-Vincent Placé a ainsi décrit sa soirée du 4 avril : après avoir bien dîné, et bien bu, avec des amis au Sénat, il a décidé de poursuivre la soirée avec l’un d’eux à La Piscine, un bar branché. L’ancien sénateur devenu conseiller régional d’Ile-de-France reconnaît qu’il s’est montré «extrêmement insistant» et même «lourd» avec un groupe de jeunes femmes.
A la barre, il admet avoir un problème avec l’alcool depuis dix ans et le journal rappelle qu’il est notamment interdit d’entrée au fameux bar de la jet-set qui se trouve en face, le Castel, à cause d’une autre altercation.
Ce soir-là, Jean-Vincent Placé aurait attrapé le bras d’une des jeunes femmes… Lui-même nie toute forme de violence et la victime estime par ailleurs que sa lettre d’excuse suffit, mais le videur du bar, Mohammed B. défend une autre vision des faits : «Je l’ai vu lui tirer le bras pour la ramener entre ses cuisses.» Il précise que l’ancien secrétaire d’Etat a proposé de l’argent à la jeune femme pour qu’elle s’adonne aux joies d’«une gâterie» sur son ami. Jean-Vincent Placé nie farouchement ces allégations.
A partir de cet instant, tout va de mal en pis pour l’ancien sénateur en état d’ivresse avancée. Lorsque le vigile intervient, à l’en croire, les insultes pleuvent de la bouche de Jean-Vincent Placé, très en verve : «On n’est pas à Ouagadougou, y a des promotions chez Ryanair», «le prix de ma chemise c’est un RSA pour ta famille», «on n’est pas au Maghreb, ici.»
Là encore, l’intéressé nie, tout en confessant des propos «malheureux», «mais totalement déconnectés de toute injure raciale» et il oppose sa version de l’escalade verbale : à l’en croire, il insistait simplement sur les différences culturelles sur les manières d’aborder les femmes de part et d’autre de la Méditerranée. A la barre, il précise même avoir passé beaucoup de temps au Maghreb. Jean-Vincent Placé ajoute par ailleurs qu’il ignorait l’origine algérienne du videur que tout le monde appelle «Vlad» dans ce bar.
Quand la police arrive, il traite les gardiens de la paix de «tocards» (il le reconnaît d’ailleurs à la barre) et tente visiblement d’user de son influence politique en leur demandant s’ils savent à qui ils ont affaire.
Jean-Vincent Placé fait valoir au cours de son audition qu’il aurait perdu quelques plumes dans la bagarre : «J’ai été agressé, j’ai des lunettes cassées, j’ai été tapé.» Ce qui lui fait dire : «Moi, j’ai l’impression d’être une victime.» Il aurait même songé à porter plainte avant de se raviser.
Le procureur n’a pas été convaincu par les explications de l’homme politique et a déploré le «sentiment de supériorité», ainsi que le «mépris» de Jean-Vincent Placé, tout en s’interrogeant : «Comment un anti-raciste peut-il tenir des propos racistes ? Comment peut-on passer trois heures d’audience sans évoquer les violences faites aux femmes ?»
Le jugement sera rendu le 10 septembre.