Plusieurs experts américains disent attendre peu de la rencontre lundi entre les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine, alors que plusieurs différends ont mis à mal les liens russo-américains.
Lors de cette rencontre à Helsinki en Finlande, plusieurs questions majeures occuperont « une place importante » telles que l’ingérence russe présumée dans les élections américaines de 2016, le contrôle des armes nucléaires, la situation en Ukraine et en Syrie, énumère Stephen Sestanovich, chercheur au Conseil sur les relations étrangères (CFR), un think tank américain.
Les deux parties n’ont pas fait beaucoup de progrès sur ces questions, note cet expert de la Russie et de l’Eurasie.
Parmi elles, l’ingérence russe présumée dans les élections américaines de 2016 est « une question que Trump se doit de soulever étant donné l’état de l’opinion publique aux Etats-Unis », juge Dmitri Trenin, directeur du Centre Carnegie de Moscou.
Le ministère américain de la Justice a annoncé vendredi l’inculpation de 12 officiers russes pour leur rôle présumé dans cette affaire, ajoutant encore un peu plus de tension aux relations. Démentant ces accusations, le ministère russe des Affaires étrangères a dit y voir une tentative de saper les efforts de M. Trump pour améliorer les liens bilatéraux.
« Un réel accord est à la fois peu probable et politiquement risqué pour Trump », estime M. Sestanovich, selon qui les deux parties vont seulement essayer de « chercher un nouveau positionnement ».
Le contrôle des armes nucléaires peut en revanche être considéré comme une « victoire facile » à remporter lors du sommet, MM. Trump et Poutine ayant signalé que cette question méritait leur attention.
Les experts pensent ainsi qu’il pourrait être relativement aisé de prolonger le New START, ce traité de réduction des armes nucléaires signé en 2010 et entré en vigueur en février 2011 pour dix ans. Par celui-ci, Washington et Moscou se sont engagés à réduire leur arsenal de lanceurs et d’armes stratégiques. Les Etats-Unis disent avoir atteint leurs objectifs, ce que la Russie ne dit pouvoir confirmer.
M. Trenin pense que les deux dirigeants devraient avoir des consultations en profondeur pour résoudre cette question.
La stabilisation de la Syrie peut également être un dossier sur lequel les deux pays peuvent se mettre d’accord, ont récemment écrit Aaron David Miller et Richard Sokolsky, deux experts en relations internationales.
« Nous n’attendons pas grand-chose de cette rencontre (…) Nous verrons où cela nous mènera », a averti vendredi en préambule M. Trump lors de sa conférence de presse conjointe avec la Première ministre britannique Theresa May, avant néanmoins d’ajouter qu’il était aussi possible que la rencontre débouche sur « quelque chose de tout à fait exceptionnel ».
Mais l’intérêt du sommet de Helsinki ne réside pas dans la rencontre, mais dans ses fruits. « Si les deux présidents décident de tenir la prochaine fois de vrais sommets dans leurs capitales respectives, cela mettrait en branle les deux bureaucraties », avance Dmitri Trenin. En revanche, sans aucun progrès sur les grands dossiers, Helsinki ne constituera qu’une « séance photos bidon », avertit Stephen Sestanovich.