Deschamps, la bonne étoile du « Père la Victoire »

La première étoile comme capitaine, la seconde comme sélectionneur: Didier Deschamps a assis un peu plus encore sa place spéciale dans l’histoire de France en décrochant l’édition 2018 de la Coupe du monde, dimanche contre la Croatie (4 – 2) en finale.

Dans l’histoire du sport, le Français de 49 ans s’est assis à la table du Brésilien Mario Zagallo et de l’Allemand Franz Beckenbauer, les deux seules autres figures du foot qui avaient jusqu’alors remporté le titre suprême comme joueur puis sélectionneur.

Au niveau national, au soir de la victoire en demi-finale contre la Belgique mardi à Saint-Pétersbourg (1-0), il était devenu le premier sélectionneur de l’équipe de France à la guider vers deux finales consécutives de grands tournois, après celle de l’Euro-2016 (perdue 1-0 a.p. face au Portugal).

Les deux finales qu’il avait enchaînées comme joueur avaient été gagnées: il était le capitaine lors de l’âge d’or des Bleus, marqué par le doublé Mondial-1998/Euro-2000, soit le tout premier sacre français en Coupe du monde puis le second Championnat d’Europe, après celui de la génération Platini en 1984.

« Dédé la Gagne »

Deschamps était alors surnommé « la Dèche », et avait, ironie de l’histoire, achevé la traversée du désert bleu, où il avait connu notamment le cauchemar bulgare de 1993, en soulevant la Coupe du monde à l’issue d’une finale rêvée (3-0 contre le Brésil du « Fenomeno » Ronaldo, à Saint-Denis). Et il avait pris sa retraite internationale sur le titre européen en 2000.

Le milieu défensif était déjà entré dans l’histoire du foot français en étant, en 1993, le capitaine de la première équipe française à remporter la Ligue des champions, Marseille contre l’AC Milan en finale (1-0). Sa proximité avec les dirigeants, de notoriété publique, avait poussé certains de ses coéquipiers à le surnommer… « l’ ?il de Moscou ».

Et c’est dans la capitale russe qu’il a renoué avec le fil de son destin, cousu d’or. Brisé lors de la finale perdue de l’Euro-2016, dont il gardait la rancoeur deux ans après. « Une finale, cela se gagne, oui. Parce que celle qu’on a perdue il y a deux ans, on ne l’a toujours pas digérée », avait-il dit mardi soir.

La finale de Moscou reprend l’histoire de « Dédé la Gagne ». Car le résultat, c’est son obsession, dans une finale de Coupe du monde comme à un jeu de cartes. Or, question finales, l’entraîneur Deschamps présentait avant dimanche un palmarès garni de quatre Coupes de la Ligue (avec Monaco et Marseille) et de dernières marches ratées (revers monégasque en Ligue des champions en 2004 et bleu à Euro-2016).

La « chatte à DD »

La « chance à DD », ou « chachatte à DD » dans un langage plus familier mais désormais courant, ronronne de nouveau. Témoins, un but contre son camp concédé par les Croates – première en Coupe du monde, puis un penalty obtenu grâce à l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), là encore une première en finale de Coupe du monde.

Pendant le tournoi, cette bonne étoile, il ne l’avait pas niée, mais y avait adjoint la notion de travail: « Que je sois souvent au bon endroit au bon moment, c’est probable, je n’ai pas à me plaindre. Je sais, et j’associe évidemment l’ensemble de mon staff, tout le travail qui est fait. Il y a des exigences qui sont là, c’est ce qui me plaît ».

Le parcours n’a pas toujours été aisé: Deschamps était proche de la sortie avant le barrage retour du Mondial-2014 (victoire 3-0 contre l’Ukraine après une défaite 2-0 à Kiev) et n’aurait sans doute pas résisté à une élimination dès les 8e de finale contre l’Argentine en Russie. « On a assez d’expérience pour savoir ce qui aurait pu se passer » en cas d’élimination, avait admis son adjoint Guy Stéphan, cheville ouvrière de la fluidité des relations dans le groupe des Bleus.

Mais voilà, l’Ukraine et l’Argentine étaient deux de ses principaux faits d’armes, et portaient sa marque: au pied du mur, l’équipe de France sait faire le dos rond et s’imposer. Rebelote en 2018, au terme d’un premier tour laborieux dans le jeu, et d’une demi-finale passée à subir.

Les Belges avaient pointé cela. « La frustration est là car on perd contre une équipe qui n’est pas meilleure que nous, on a perdu contre une équipe qui joue à rien, qui défend », enrageait le gardien Thibaut Courtois. « Je préfère perdre avec la Belgique que gagner avec la France », enchaînait Hazard.

La réponse de Deschamps tient en une (bonne) étoile.

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