Le parti au pouvoir en Turquie a soumis lundi au Parlement un projet de loi « antiterroriste » visant à renforcer les pouvoirs des autorités, alors que l’état d’urgence en vigueur depuis deux ans doit être levé cette semaine.
Ce projet de loi proposé par le Parti de la justice et du développement (AKP) du chef de l’Etat Recep Tayyip Erdogan a été soumis à la présidence du Parlement, a rapporté l’agence de presse étatique Anadolu, et doit être examiné dans les jours à venir par les députés.
Ce texte propose notamment d’autoriser les autorités locales à restreindre les déplacements de personnes jugées à risque « pour l’ordre public ou la sécurité », ou encore d’allonger la durée de garde à vue des suspects, selon Anadolu.
Le chef du groupe parlementaire AKP, Bülent Turan, a indiqué que le texte composé de 28 articles avait été envoyé aux partis d’opposition et déclaré que sa formation souhaitait soumettre le projet de loi au vote des députés la semaine prochaine.
Cette annonce survient alors que l’état d’urgence en vigueur depuis près de deux ans doit être levé mercredi soir, selon le gouvernement.
Ce régime d’exception qui élargit considérablement les pouvoirs des forces de sécurité avait été mis en place quelques jours après la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016.
Instauré le 20 juillet pour une durée initiale de trois mois, l’état d’urgence a été sans cesse prolongé depuis, suscitant des critiques de plus en plus vives.
Sous l’état d’urgence, les autorités turques ont lancé des purges massives visant les putschistes et leurs complices présumés, mais aussi des opposants prokurdes, des médias et des ONG.
Depuis deux ans, près de 80.000 personnes ont été incarcérées et plus de 150.000 limogées ou suspendues.
« L’état d’urgence va prendre fin dans quelques jours. Cependant, la fin de l’état d’urgence ne signifie pas que notre lutte contre le terrorisme va prendre fin », a déclaré lundi le ministre turc de la Justice Abdulhamit Gül.