Les députés israéliens ont approuvé, jeudi, un projet de loi controversé qui ne reconnaît le droit à l’autodétermination qu’aux juifs. Le texte retire par ailleurs à la langue arabe son statut officiel aux côtés de l’hébreu.
« Israël est l’État-nation du peuple juif dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, historique et religieux à l’autodétermination. » Tel est le contenu d’un projet de loi adopté, jeudi 19 juillet, à la Knesset par 62 voix contre 55 et deux abstentions. « C’est un moment décisif dans les annales du sionisme et de l’histoire de l’État d’Israël », s’est félicité le Premier ministre, Benjamin Netanyahou.
Plusieurs députés arabes ont en revanche bruyamment exprimé leur indignation après le vote de ce texte qui ne reconnaît le droit à l’autodétermination qu’aux juifs. La loi, symboliquement promulguée juste après le 70e anniversaire de la naissance de l’État d’Israël, retire par ailleurs à l’arabe son statut de langue officielle aux côtés de l’hébreu, pour le remplacer par un « statut spécial » qui autorise la poursuite de son utilisation dans l’administration.
« La mort de la démocratie »
Les détracteurs du texte jugeaient les premières moutures encore plus discriminatoires à l’égard des Arabes israéliens, qui représentent 20 % de la population. Plusieurs clauses, contestées notamment par le président et le procureur général, ont été retirées à la dernière minute. L’une proposait d’autoriser la création d’implantations exclusivement juives et une autre recommandait aux tribunaux de s’appuyer sur la loi religieuse en l’absence de jurisprudence.
Reformulée de façon plus vague, la première stipule désormais : « L’État considère le développement d’implantations juives comme une valeur nationale et fera en sorte de l’encourager et de le promouvoir. »
« J’annonce avec stupéfaction et tristesse la mort de la démocratie », s’est indigné le député arabe Ahmed Tibi.
« Nous continuerons à garantir le respect des droits civiques dans la démocratie israélienne, mais la majorité a aussi des droits et la majorité décide. Une majorité absolue veut garantir le caractère juif de notre État pour les générations à venir », avait de son côté justifié, la semaine dernière, le Premier ministre.