L’évacuation en Syrie de deux localités pro-régime assiégées par les rebelles a été précédée, depuis le début du conflit en 2011, par de nombreuses opérations similaires mais qui concernaient, dans la plupart des cas, des villes rebelles encerclées par le régime.
Les milliers d’habitants de Foua et Kafraya, dans la province d’Idleb (nord-ouest), ont été évacués jeudi, mettant un terme à un long siège entamé en 2015 par les rebelles. Un accord conclu mardi entre la Russie, alliée du régime, et la Turquie, soutien des rebelles, prévoit en échange la libération de prisonniers détenus par Damas.
Une évacuation croisée avait déjà concerné en avril 2017 des milliers d’habitants de ces deux localités chiites et celles de Zabadani et Madaya, proches de Damas, assiégées, elles, par le régime.
« Partir ou mourir »
Le siège a été utilisé comme tactique de guerre, en particulier par le régime.
Celui-ci a misé sur des accords dits de « réconciliation », qui se sont traduits notamment par l’évacuation des combattants et de leurs proches, notamment vers la province d’Idleb, en échange de la fin des bombardements et sièges.
Fin 2017, Amnesty International a estimé que les déplacements forcés de populations au titre de ces accords s’apparentaient à un crime contre l’humanité.
Homs
En mai 2014, des rebelles quittent leur fief dans la vieille ville de Homs (centre), autrefois surnommée « capitale de la révolution », après un siège de deux ans, et des bombardements et combats qui ont dévasté ce secteur historique. Il s’agit du premier accord entre régime et rebelles pour le retrait des insurgés depuis le début de la guerre.
Entre mars et mai 2017, des milliers de rebelles et de civils quittent le quartier de Waer, permettant aux troupes du régime de reprendre la totalité de Homs.
En mai 2018, quelque 34.500 personnes, des rebelles et leurs familles mais aussi d’autres civils, sont évacués de secteurs dans les provinces de Hama et de Homs.
Daraya
En août 2016, les derniers rebelles évacuent leur ex-fief de Daraya, dans la province de Damas, en vertu d’un accord entre régime et insurgés au terme d’un siège de quatre ans et de bombardements incessants.
Les rebelles et leurs familles sont conduits à Idleb, et l’armée reprend le contrôle de Daraya qui a souffert pendant plusieurs mois de la famine.
Alep
En décembre 2016, l’armée reprend la moitié d’Alep, deuxième ville de Syrie, qui lui échappait depuis juillet 2012, après une offensive dévastatrice et un siège impitoyable qui ont abouti à l’évacuation de dizaines de milliers de résidents et d’insurgés vers le nord.
Celle-ci est menée en vertu d’un accord parrainé par la Russie et l’Iran, autre allié du régime, et la Turquie.
Ghouta orientale
En mars-avril 2018, un déluge de feu du régime sur l’enclave rebelle dans la Ghouta orientale, près de Damas (plus de 1.700 civils tués en deux mois), assiégée pendant cinq ans, oblige les groupes rebelles acculés et affaiblis à accepter l’un après l’autre des accords préparés par la Russie.
Selon les militaires russes, plus de 160.000 personnes, combattants et civils, ont été évacuées de cette région.
Des quartiers de Damas et Deraa
Par ailleurs, des quartiers de Damas ou des localités proches de la capitale, soumis à de longs sièges, ont aussi été évacués: les quartiers de Barzé, Qaboun et Techrine en mai 2017, la ville de Doumeir en avril dernier, le quartier de Yalda le 10 mai, ainsi que les localités de Babila et Beit Sahem, le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk les 21 et 22 mai.
Le 15 juillet, plusieurs centaines de rebelles et de civils de la ville de Deraa, dans le sud du pays, ont été évacués à destination du nord de la Syrie.