La France et la Russie vont livrer ensemble de l’aide humanitaire en Syrie, à destination de la Ghouta orientale, ex-enclave rebelle reconquise en avril par le régime de Bachar al-Assad, a annoncé la présidence française dans un communiqué conjoint avec la Russie.
Un avion cargo russe est arrivé vendredi en fin d’après-midi à Châteauroux (centre de la France) pour charger 50 tonnes de matériel médical et de produits de première nécessité fournis par la France, ont constaté un photographe et un vidéaste de l’AFP sur place.
« Dans le cadre de la résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ce projet a pour objectif de permettre un meilleur accès de l’aide aux populations civiles », relève le communiqué commun.
L’appareil affrété par l’Etat russe décollera en fin de soirée de Châteauroux vers la base aérienne russe de Hmeinim, dans l’ouest de la Syrie, a-t-on indiqué au ministère français des Affaires étrangères.
Cette opération humanitaire conjointe est une première entre la Russie, qui a changé la donne en volant militairement au secours du président Assad en 2015, et un pays occidental.
L’aide doit être distribuée dès samedi, sous la supervision du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) des Nations unies, a-t-on précisé de même source.
« L’assistance humanitaire est une priorité absolue. Elle doit être dispensée selon les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance – partout sur le territoire syrien sans exception, où le droit international humanitaire doit être pleinement respecté », souligne le communiqué commun.
La France a obtenu des « garanties » de la Russie pour que le régime ne fasse pas obstruction à l’acheminement de l’aide, comme il le fait régulièrement avec les convois de l’ONU, et pour éviter toute « récupération politique » et tout « détournement » du matériel acheminé, a-t-on affirmé au Quai d’Orsay.
« Les Russes sont intervenus de manière très décisive pour que les autorisations soient délivrées » et que l’aide soit acheminée « dans des délais décents », relève-t-on.
En mars-avril 2018, un déluge de feu du régime s’est abattu sur l’enclave rebelle dans la Ghouta orientale, près de Damas, assiégée pendant cinq ans, obligeant les groupes rebelles acculés et affaiblis à accepter l’un après l’autre des accords préparés par la Russie.
Plus de 1.700 civils ont été tués durant ces deux mois. Selon les militaires russes, plus de 160.000 personnes, combattants et civils, ont été évacuées de cette région.