Le capitaine d’un navire commercial ayant secouru 40 migrants, dont des femmes enceintes, a appelé aujourd’hui les autorités tunisiennes à « intervenir d’urgence » pour lui permettre d’accoster au large de Zarzis, dans le sud de la Tunisie.
Le « Sarost 5 », un navire d’approvisionnement battant pavillon tunisien, patiente depuis lundi soir au large de Zarzis.
« L’équipage du bateau est épuisé moralement et physiquement. (…) Nous appelons les autorités tunisiennes à intervenir d’urgence et à accueillir ces migrants », a déclaré à l’AFP par téléphone le capitaine de ce navire, Ali Hajji. « Nous faisons notre maximum pour apporter notre aide aux migrants, dont certains sont malades, et nous risquons d’être contaminés », a-t-il affirmé.Partis de Libye à bord d’une embarcation pneumatique, ces migrants –originaire d’Afrique subsaharienne et d’Egypte– ont été perdus en mer durant cinq jours avant d’être repérés, à une date non précisée, par le navire Caroline III envoyé par un centre de secours maltais. Ce bateau a alors appelé les gardes-côtes d’Italie, de France et de Malte « qui ont refusé d’accueillir les rescapés, prétextant que les ports les plus proches étaient situés en Tunisie », ont déploré mercredi des ONG tunisiennes.
Les migrants, parmi lesquels huit femmes, ont finalement été pris en charge par le « Sarost 5 ». Mais l’attente d’une décision sur le sort de ces migrants « commence à être très longue, au détriment de notre travail », a regretté M. Hajji. « L’autorisation pour ce bateau d’accoster à Zarzis (…) nous dépasse. Nous attendons une décision politique à ce sujet », a indiqué à l’AFP un responsable de la garde maritime tunisienne, sous le couvert de l’anonymat.
Aucune décision n’a encore été prise au niveau de la présidence de la République et du gouvernement, ont souligné à l’AFP leurs services de communication. Selon Mongi Slim, responsable du bureau régional du Croissant rouge à Médenine, dans le sud de la Tunisie, les migrants ont été examinés par des médecins envoyés à deux reprises par cette organisation. »Huit migrants ont la gale et les deux femmes enceintes risquent de perdre leur bébé », a-t-il affirmé à l’AFP.
« Nous avons demandé aux autorités tunisiennes d’hospitaliser au moins trois personnes, mais les 40 migrants refusent d’être accueillis par la Tunisie et veulent rejoindre l’Europe », a ajouté M. Slim, assurant que le Croissant rouge continuait à leur envoyer médicaments et nourriture.
La Tunisie fait partie des pays cités comme possible localisation des centres d’accueil de migrants ou des « plateformes de débarquement hors de l’Europe », décidés par les 28 pays membres de l’Union européenne lors d’un Conseil européen à Bruxelles.