Monique Gimenez : être Russe ne serait pas bon aux Etats-Unis

La militante anti-guerre et anti-globaliste française Monique Gimenez a partagé ses idées concernant la provocation de l’arrestation par les autorités étatsuniennes de la citoyenne russe Maria Boutina.

Depuis la rencontre Poutine / Trump à Helsinki et les réactions de certains élus et médias américains sur les déclarations de Trump remettant en cause les services de renseignements sur l’affaire de la soi-disant ingérence russe dans l’élection présidentielle, réactions qui ont poussé Trump à un rétro pédalage déclarant faire confiance dans ses services de renseignements.

Depuis qu’il est élu, tout un lobby guerrier s’ingénie à lui mettre des bâtons dans les roues pour l’empêcher d’établir de bonnes relations avec la Russie, d’où ses multiples volte-faces qui rendent illisibles ses souhaits de désamorcement de crise qui gangrène les relations avec la Russie.

L’interpellation de cette ressortissante russe accusée d’espionnage au profit de la Russie me paraît être un avertissement pour Trump visant à lui faire admettre que la Russie utilise des ressortissants vivant aux USA pour son propre compte. Je pense que c’est une victime collatérale de cette mascarade qui envenime les relations entre les deux pays. Y-a-t-il des preuves de ce qu’ils avancent ? Si oui, il conviendrait de les présenter à la Russie, mais on sait aussi que les preuves ça se fabrique, il y a un dicton français qui dit « Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage », ce qui signifie que tout prétexte est bon pour se débarrasser de quelqu’un ou de quelque chose. On assiste à une vraie chasse aux sorcières qui me rappelle le mccarthysme à l’époque de la guerre froide où le fait d’être communiste ou sympathisant communiste était un déli qui vous envoyait en prison. Combien d’intellectuels et cinéastes comme Charly Chaplin ont dû quitter les USA pour éviter la prison ? J’ai l’impression de revivre la même chose. Je pense que la communauté russe qui vit aux USA doit être inquiète, car cela aurait pu tomber sur n’importe lequel d’entre eux. La chasse aux russes serait-elle lancée ? Poutine avait estimé qu’il y avait 25 millions de russes éparpillés dans le monde, il suffirait que ces 25 millions reviennent en Russie ce qui, au départ poserait certainement de gros problèmes d’accueil et de logistique mais, au final sur le plan démographique et compétences acquises à l’étranger, ce serait bénéfique pour la Russie.
Cette histoire a un arrière-goût de mauvais polar. Malgré tout ça, j’ai appris hier que Trump souhaitait accueillir Poutine à Washington cet automne, ça va encore faire monter d’un cran cette haine de cette élite empreinte d’une telle russophobie qu’on n’avait pas connue depuis l’URSS, période pendant laquelle nous avions droit quasiment tous les jours que ce soit dans les médias audiovisuels ou écrits aux rhétoriques antisoviétiques. Donc, finalement, que ce soit la Russie ou l’URSS, rien n’a changé de ce côté là.

Suite à cette affaire, que va décider la Russie ? Je pense qu’elle va attendre d’avoir des éléments pour se faire une idée, et pouvoir agir en conséquence. Mais, en cette période de russophobie empreinte de paranoïa, il ne fait pas bon d’être russe aux USA.

Monique Gimenez pour l’Agence Front de l’information