Une journaliste de Cumhuriyet a été condamnée jeudi à deux ans et trois mois de prison après avoir été reconnue coupable d’avoir mis en péril des responsables “chargés de la lutte contre le terrorisme“, selon le quotidien d’opposition et l’ONG Amnesty International.
Canan Coskun une journaliste s’occupant des questions judiciaires, dont le procès s’est ouvert en juin, a été condamnée par un tribunal d’Istanbul pour avoir “fait d’une personne chargée de la lutte contre le terrorisme une cible“, écrit Cumhuriyet.
Les autorités mettent en cause un article
Les autorités mettent en cause un article dans lequel la journaliste a nommé un procureur et des témoins malgré des restrictions dans le dossier, dans une affaire qui vise des avocats participant à la défense de deux universitaires en grève de la faim, précise Amnesty sur son site internet.
Les deux universitaires, Nuriye Gülmen et Semih Özakça, ainsi que leurs avocats, étaient accusés de liens avec une organisation d’extrême gauche considérée comme “terroriste“ par Ankara, le DHKP-C.
Semih Özakça avait finalement été relaxé et Nuriye Gülmen condamnée à plus de six ans de prison mais reste libre dans l’attente de l’examen de son appel.
Cette condamnation “ne signifie pas qu’il faut avoir peur“, a réagi Canan Coskun selon des propos rapportés par le quotidien d’opposition BirGün. “Au contraire, il faut faire encore plus de journalisme. Et c’est ce que je vais faire“.
“Une autre condamnation contre la liberté de la presse“, a commenté sur Twitter le député Sezgin Tanrikulu (CHP, social-démocrate).
Les ONG de défense de la liberté de la presse dénoncent régulièrement l’érosion de cette liberté en Turquie, en particulier depuis la tentative de putsch de 2016 qui a été suivie de l’arrestation de journalistes et de la fermeture de médias.
La Turquie occupe la 157e place, sur 180, au classement de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières.
Plusieurs dirigeants et journalistes de Cumhuriyet, l’un des doyens de la presse turque, ont été condamnés en avril pour “activités terroristes“, avant d’être libérés dans l’attente de l’examen de l’appel qu’ils ont interjeté.