Les sanctions américaines contre les pays qui achètent des armements russes doivent pouvoir faire l’objet d’exceptions afin de ne pas jeter certains pays définitivement dans les bras de la Russie, a déclaré vendredi le ministre américain de la Défense.
« La Russie doit payer pour son comportement agressif et déstabilisateur, et pour son occupation illégale de l’Ukraine », a estimé Jim Mattis dans un communiqué. « Toutefois, alors que nous imposons des sanctions nécessaires et méritées pour leur attitude malveillante, fournir au secrétaire d’Etat la possibilité de déroger à la loi Caatsa est impératif », a-t-il ajouté.
Le Congrès américain a adopté en 2017 une loi, soutenue par les républicains et les démocrates, considérant la Russie aggressive dans sa politique extérieure, surtout dans le cas de son ingérence présumée dans l’élection présidentielle américaine. Cette loi, baptisée Caatsa (Counter America’s Adversaries Through Sanctions Act), impose des sanctions économiques contre toute entité ou pays qui conclut des contrats d’armement avec des entreprises russes. La loi avait été promulguée à contre-coeur par le président américain Donald Trump, qui espère concrétiser sa promesse électorale de rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine.
Elle continue de faire débat, certains redoutant que des sanctions, notamment contre des alliés asiatiques des Etats-Unis, comme l’Inde, mettent en péril des relations que Washington tente de renforcer depuis de nombreuses années. L’Inde, plus gros importateur mondial en matière de défense, achète de longue date des équipements russes et discute avec Moscou de l’acquisition de ses systèmes de défense antiaérienne S-400.
Des exceptions à la loi Caatsa permettraient à certains pays « de bâtir une relation de sécurité plus étroite avec les Etats-Unis » tout en réduisant de manière progressive leur dépendance au matériel militaire russe, a expliqué Jim Mattis, qui s’est rendu en Inde l’an dernier et y retournera en septembre avec le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo pour des pourparlers reportés à deux reprises. Selon le ministre de la Défense, la question est de savoir si Washington veut renforcer des « partenaires dans des régions-clés ou les laisser sans autre choix que de se tourner vers la Russie ».