La puissante armée pakistanaise a achevé le déploiement de centaines de milliers de ses soldats devant les bureaux de vote avant les élections législatives de mercredi, dont l’issue apparaît incertaine.
Des militaires observaient attentivement des membres de la Commission électorale alors qu’ils distribuaient des urnes et du matériel dans les bureaux de vote de plusieurs villes, a constaté l’AFP.
Les forces armées ont déployé 370.000 soldats dans tout le pays pour s’assurer du bon déroulement du scrutin – la plus grande opération du genre dans l’histoire du Pakistan pour un jour d’élection.
« Le déploiement des troupes est achevé », a commenté l’armée dans un communiqué tard lundi soir, ajoutant que les troupes travailleraient avec les unités locales de maintien de l’ordre pour assurer « un environnement sûr et sécurisé » lors de l’élection.
La commission électorale pakistanaise a accordé aux soldats un large accès et des pouvoirs étendus à l’intérieur des bureaux de vote, alimentant des craintes de manipulation.
La campagne, courte mais dure, a été marquée par des accusations de manipulations « flagrantes » du scrutin par l’armée, ainsi que par la progression de partis religieux extrémistes et par plusieurs attentats qui ont fait plus de 180 morts dont trois candidats.
Les partis politiques ont achevé lundi soir leurs rassemblements électoraux, ceux-ci étant interdits la veille du vote.
L’ex-champion de cricket Imran Khan, qui dirige le Tehreek-e-Insaf (PTI, « Mouvement pour la justice ») et figure parmi les favoris, a appelé ses électeurs à « se lever tôt » mercredi et « à voter », devant plusieurs milliers de personnes à Lahore (Est).
La victoire est « certaine », a de son côté lancé son rival Shahbaz Sharif, qui a remplacé son frère Nawaz, emprisonné pour corruption, à la tête de la Ligue musulmane pakistanaise (PML-N), depuis le sud du Pendjab.
« Contre toute attente, le PML-N est en train de gagner les élections », a-t-il affirmé, alors que le parti se dit ciblé par l’armée et la justice, au bénéfice du PTI d’Imran Khan.
A Rawalpindi (centre), des partisans du PML-N ont vivement critiqué l' »establishment » militaire, se disant prêts à descendre dans la rue après les élections si la direction du parti le leur demande.
« Nous nous battrons », a affirmé Aftab Anjum, l’un d’entre eux.
Bilal Gilani, le directeur de l’institut de sondage Gallup Pakistan, a de son côté fait état de « prédictions très troubles », nombre d’électeurs restant indécis. « C’est encore très ouvert », a-t-il commenté à l’AFP.